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Sobriété : petits et grands territoires peuvent se lancer

De Malaunay (6 000 habitants) à la région capitale Amsterdam (1,4  million), des collectivités s’emparent du sujet à différentes échelles.


Connue pour la rénovation de son patrimoine, ses panneaux solaires, sa flotte de véhicules électriques ou ses espaces comestibles, la commune normande de Malaunay est engagée depuis 2018 dans une démarche transversale, « la Transition Prend Ses Quartiers » (TPSQ), en partenariat avec l’ADEME et la Région Normandie. Elle implique les habitants grâce à des formats ludiques et participatifs, dont les travaux ont abouti à la mise en œuvre d’actions de sobriété via une modération des conso­mmations d’énergie, d’eau, d’alimentation et de biens matériels et une modification des modes de consommation : zéro déchet, circuits alimentaires courts… Même recherche de transversalité, interdisciplinarité et implication des habitants pour Amsterdam, qui a décidé en avril 2020, de rendre son économie totalement circulaire en 2050. Le conseil de la ville a choisi pour ce faire d’utiliser le modèle du donut. Développé par l’économiste britannique Kate Raworth et explicitée dans son ouvrage éponyme paru en 2018, le donut évoque l’espace situé entre deux cercles concentriques. Le plus petit, qui définit le plancher social, englobe 12 besoins fondamentaux – nourriture, santé, éducation, justice sociale… Les limites écologiques – changement climatique, appauvrissement de la biodiversité… – sont matérialisées dans le plus grand. C’est entre les deux cercles que se trouve l’espace « sûr et juste pour l’humanité, dans lequel peut prospérer une économie inclusive et durable. »

Des interconnexions entre les enjeux environnementaux et sociaux

Pour atteindre son objectif de diviser par deux sa consommation de matières premières en dix ans, la capitale des Pays-Bas a revu sa stratégie en matière d’économie circulaire, jusqu’alors fragmentée en de multiples projets. Désormais fondée sur une vision holistique tenant compte de l’interconnexion notamment entre flux de matières et questions sociales et environnementales, Amsterdam Circular 2020-2025 privilégie trois chaînes de valeur : construction, biomasse/alimentation, biens de consommation. Plus de cinquante agents issus des différents services de la ville et de la région d’Amsterdam ainsi qu’une centaine d’acteurs locaux – ONG, entreprises, experts et instituts de recherche – ont été mobilisés pour organiser des ateliers. Les axes issus de ce processus participatif couvrent aussi bien les questions environnementales que les enjeux économiques et sociaux, dont l’égalité sociale et les opportunités d’emploi. Cette approche transversale et interdisciplinaire a entraîné une collaboration interservices accrue. La ville a également consulté les citoyens via la « Coalition du donut d’Amsterdam », un réseau d’associations de quartier, ONG, PME et d’universités. La prise de conscience des interconnexions mises en lumière grâce au donut a conduit la ville à se pencher sur des sujets jusque-là mal pris en compte tels que la solitude de certains de ses habitants. Dans les deux cas, les collectivités ont souhaité inspirer des démarches similaires : Malaunay avec son kit « la Transition Prend Ses Quartiers » (TPSQ) mis à la disposition des communes intéressées ; Amsterdam avec la méthode « portrait de ville », notamment utilisée par la Région de Bruxelles-Capitale.