Décryptage

“ Nous mettons nos données et nos outils à la disposition de tous ”

Deux ans après sa création, le service Ecolab devient Datagir. Si le nom change, l’objectif reste le même : apporter aux citoyens une information environnementale fiable, intégrée dans les outils numériques qu’ils utilisent déjà. Décryptage avec Martin Régner, intrapreneur, service Datagir, cellule stratégie numérique de l’ADEME.


Qu’est-ce que Datagir ?
Martin Régner

L’ADEME produit beaucoup de données sur l’impact environnemental des produits et des services. Elle dispose par exemple des émissions de polluants en grammes par kilomètre pour toutes les catégories de véhicules routiers. Il faut que ces données soient diffusées largement et réutilisées pour accélérer la compréhension des enjeux climatiques et le passage à l’action en faveur de l’environnement. Pour cela, nous avons créé Datagir, un service public gratuit, porté par l’ADEME et beta.gouv.fr, l’incubateur de la Direction interministérielle du numérique (Dinum). Lancé sous le nom d’Ecolab, il sort maintenant de la phase de test pour se déployer avec ce nouveau nom, qui associe les données à l’action. L’objectif est d’accompagner les professionnels pour qu’ils intègrent nos données dans leurs applications et services numériques. Il est aussi de développer des simulateurs aisément consultables par le grand public, avec la possibilité de les encapsuler dans des blogs ou tout type de site web. Par exemple, la plateforme alimentaire territoriale Vendée Cœur Océan utilise sur son site notre simulateur « Mes fruits et légumes de saison ».

Vous êtes intrapreneur. Qu’est-ce que cela signifie ?
M. R.

Au sein d’une structure, qu’elle soit publique ou privée, l’intrapreneuriat est une manière de passer à l’action en donnant à une équipe dédiée et autonome la possibilité de tester une idée. L’idée de départ était simple : comment aider les utilisateurs, particuliers, collectivités ou entreprises, à tirer le meilleur parti des données environnementales de l’ADEME ? Nous sommes désormais cinq personnes, de l’ADEME et de la Dinum, à travailler sur Datagir. Une part importante du travail concerne le développement d’outils et d’interfaces numériques, mais une partie consiste aussi à prospecter, à chercher des structures susceptibles d’utiliser ou de partager nos simulateurs ou nos données.

Quel est l’intérêt d’intégrer les données de l’ADEME dans une application ou un site ?
M. R.

L’ADEME propose plus de cent jeux de données ouverts : des diagnostics de performance énergétique (DPE) au tonnage des déchets ménagers en passant par une base de données sur les impacts environnementaux des produits alimentaires consommés en France. Dans le cadre de Datagir, cette base appelée Agribalyse a servi à l’élaboration de l’Eco-score. Plusieurs acteurs du numérique, de la distribution et de la restauration (Yuka, Open Food Facts, Marmiton, Frigo magic, FoodChéri, Seazon, Etiquettable, ScanUp et La Fourche) ont élaboré un indicateur simple, qui classe les produits alimentaires en cinq catégories, de A à E, pour représenter leur impact environnemental. Ils affichent cet indicateur sur leur site ou leurs applications. En proposant cet Eco-score basé notamment sur les données de l’ADEME, ils offrent à des millions de personnes des informations qui vont induire des changements de comportement et contribuer à réduire l’impact de l’alimentation sur la planète. Autre exemple : des étudiants de l’École Centrale de Nantes ont utilisé le simulateur « Nos gestes climat » développé en open source par Datagir en partenariat avec l’Association Bilan Carbone, pour l’adapter au contexte spécifique de leur école. En se réappropriant nos données, les citoyens ou les professionnels les transforment en outils d’accélération de la transition écologique. On le voit avec ces deux exemples : pour les professionnels, Datagir accompagne la mise à disposition des données de l’ADEME ; pour les citoyens, Datagir fournit des simulateurs ludiques qui rendent les données lisibles et efficaces. Dans les deux cas, les données environnementales apportent les informations indispensables pour modifier les comportements.

En quoi Datagir se distingue des multiples sites qui proposent d’évaluer sa performance environnementale ou de calculer ses émissions de CO2 ?
M. R.

Nous ne voulons pas être un calculateur de plus. Au contraire, nous pensons qu’il faut se regrouper autour de solutions ouvertes, ce qui est systématiquement salué par les acteurs que nous rencontrons. Des grandes organisations et associations, qui proposent parfois déjà un calculateur, regardent avec intérêt notre plateforme, qui offre un accès libre à des données fiables et à jour. Ce que nous souhaitons, c’est être au plus près des citoyens et, plutôt que de leur proposer un site supplémentaire ou une énième application à télécharger, leur donner accès à un service qui soit directement intégré dans les applications qu’ils utilisent au quotidien. On pourrait ainsi imaginer le simulateur Datagir « Mon impact transport » sur le site de tous les voyagistes, ou ces données intégrées dans les grandes applications de calcul d’itinéraire déjà présentes dans nos téléphones… Nous mettons nos données et nos outils à la disposition de tous. Notre volonté est d’essaimer. En partageant nos informations, nous démultiplions notre audience et notre capacité à mobiliser en faveur de la transition écologique.

1 900 visiteurs uniques par jour

sur datagir.ademe.fr et les différents simulateurs

210 000 utilisations

du simulateur « Nos gestes climat » depuis mai 2020

25 millions de personnes

ont accès aux informations issues de la base de données Agribalyse partagée depuis début 2021 via l’Eco-score et une dizaine d’applications et de sites, dont Yuka, Marmiton, ou le site d’épicerie en ligne La Fourche…