Dossier

Réhabiliter les sols des friches à moindre coût

Comment réhabiliter efficacement un sol dégradé et évaluer la restauration des services écologiques de ce sol ? Pour répondre à cette question, des expériences ont été menées pendant plus de quatre ans sur deux sites pilotes, dont un à Pierre-Bénite.


À proximité de Lyon, dans la vallée de la chimie, en bordure du Rhône, le site de Pierre-Bénite abrite le projet BioTubes (Bio-Technosols urbains en faveur de la biodiversité et des services écosystémiques). Pendant quatre ans, cette friche délaissée, occupée autrefois par un centre de formation technique, a bénéficié d’un suivi minutieux. Son sol, très compact et peu perméable, a fait l’objet, sur des parcelles distinctes, de différents types de restaurations. Les unes font appel à des techniques de génie écologique sur le sol en place (sol décompacté mécaniquement avec des semis et des apports en micro-organismes) ; d’autres à la reconstruction de différents types de sols (nommés « technosols ») : le sol existant est remplacé par un substrat réalisé avec des matériaux extérieurs au site et plus ou moins fertiles. Une parcelle témoin se contentait de laisser faire la nature. Entre ne rien faire (coût nul), et totalement reconstruire les sols (coût de l’ordre de 100 euros par mètre carré), la solution technique basée sur le génie écologique sur le sol en place (entre 15 et 25 euros par mètre carré) est celle qui présente le meilleur ratio coût/bénéfice pour les usages envisagés pour ce site, à savoir une réserve de biodiversité fermée au public ou un parc ouvert. Ces bénéfices ont été estimés via une approche de monétarisation des services écosystémiques rendus. Ce projet est porté par trois partenaires : la société Valorhiz, le BRGM et la société Elisol Environnement. Il est aussi soutenu par l’ADEME dans le cadre de l’appel à projets GESIPOL 2015 sur la gestion intégrée des sites pollués. « BioTubes a démontré que la réhabilitation écologique des friches pouvait s’appuyer sur des procédés vertueux : le génie écologique permet une grande sobriété en apportant très peu de matière, même si la reconstruction du sol présente l’avantage de faire largement appel à l’économie circulaire et au réemploi de matériaux », souligne Cécile Grand, chef de projet Sites et sols pollués à l’ADEME. Pour elle, le site de Pierre-Bénite, qui s’inscrit dans la future trame verte de la métropole lyonnaise, illustre bien comment le foncier dégradé peut s’inscrire dans la restauration des continuités écologiques. Enfin, le projet a également permis de valider l’utilisation d’indicateurs biologiques pour évaluer la qualité fonctionnelle des sols.

La friche de Pierre-Bénite avant.
La friche de Pierre-Bénite avant.
Après travaux : parcelles expérimentales avec sols reconstruits et végétalisés.
Après travaux : parcelles expérimentales avec sols reconstruits et végétalisés.