Dossier

Grand-Est : l’avenir en « TETE »

Les outils de modélisation, c’est bien… Et quand ils débouchent sur des initiatives locales, c’est encore mieux. La preuve avec une démarche menée par l’ADEME Grand Est.


En 2018, la région Grand Est s’est engagée à devenir une région à énergie positive et bas carbone à l’horizon 2050 en réduisant son empreinte environnementale, en améliorant l’efficacité énergétique et en développant les énergies renouvelables. « Mais une telle transition ne s’improvise pas, notamment en termes de disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée !, remarque Jérôme Betton, directeur régional de l’ADEME Grand Est. C’est ce qui nous a incités à réaliser une étude destinée à mesurer l’impact de la transition écologique et énergétique [TEE] sur l’activité économique et l’emploi local dans les secteurs du bâtiment, des transports et des énergies renouvelables et de récupération. » Pour cela les équipes de la direction régionale ont utilisé l’outil TETE (Transition écologique Territoires Emplois), co-développé par l’ADEME et le Réseau Action Climat. Simple d’utilisation – et accessible en ligne sur le site territoires-emploi.org, il permet d’estimer les emplois créés par les politiques publiques environnementales en se basant sur les données disponibles dans le schéma régional d’aménagement (SRADDET) Grand Est : mètres carrés de maisons rénovées, linéaires de pistes cyclables… Et ce, en les comparant à un scénario tendanciel de référence. « TETE s’intéresse aux emplois directs et indirects créés, maintenus, vulnérables, perdus et menacés par les politiques climat-air-énergie à l’échelle régionale, comme à l’échelle territoriale », poursuit Jérôme Betton.

Une aide à la décision

Finalisée en 2020, l’étude révèle que la stratégie régionale pourrait créer près de 60 000 emplois supplémentaires locaux à l’horizon 2050 par rapport à 2016. Elle met également en évidence les secteurs qui gagneront des emplois (les filières vertes telles que la rénovation des bâtiments, les transports en commun et les énergies renouvelables) et les secteurs qui en perdront (le fret routier, l’entretien et la réparation de véhicules), permettant ainsi d’envisager des transferts d’un domaine à l’autre. « TETE n’a pas qu’une visée prospective ; Il doit aussi être une aide à la décision pour préparer l’avenir. » Dans cette optique, les équipes de la direction régionale de l’ADEME ont réuni les acteurs locaux de la TEE, ainsi que ceux du développement économique, de l’emploi et de la formation afin que tous discutent des hypothèses présentées et des mesures à engager pour faire converger les dynamiques environnementales et celles du marché du travail. Dans le cadre de l’étude, trois territoires tests se sont approprié cette démarche et ont mobilisé leur écosystème local. C’est le cas notamment du PETR Terres de Lorraine, de l’Eurométropole de Strasbourg ou encore de Châlons Agglo, qui ont organisé plusieurs ateliers thématiques. « Ces initiatives commencent à produire leurs fruits, indique Jérôme Betton en conclusion. Ainsi lors d’un atelier de Châlons, un spécialiste du photovoltaïque en fort développement a pu discuter avec un représentant de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) de ses besoins de recrutement et cette dernière a depuis mis sur pied une formation dédiée aux métiers de l’installation de panneaux. C’est du concret ! »