L’esturgeon, un poisson souvent méconnu en France, est pourtant renommé pour la qualité de sa chair et de ses œufs, utilisés pour produire le célèbre caviar. Mais saviez-vous que l’esturgeon peut être valorisé à 95 % ? Soupe de poisson, filets, pavés, rillettes, peau… Zoom sur la société Huso – Caviar de Neuvic, un producteur français engagé pour réduire l’impact environnemental de son activité. Entre réduction des déchets et production d’énergies renouvelables, ce producteur illustre les bienfaits et les opportunités d’une production de caviar plus responsable en France.
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95 % de l’esturgeon valorisé
Caviar de Neuvic a mis en place une démarche presque « zéro déchet » pour ses esturgeons : 95 % du poisson est valorisé, tandis que les 5 % restants sont compostés. La chair de l’esturgeon est utilisée pour l’alimentation, le collagène produit par la peau est employé en cosmétique, la vessie natatoire sert à fabriquer de la colle pour violon, et les viscères sont transformées en compost pour l’agriculture. La tête, les nageoires et la queue sont utilisés dans la soupe de poissons. L’entreprise dispose du seul composteur agréé pour les déchets d’esturgeon. Ce projet pilote permet de transformer les 5 % de coproduits non valorisés en terreau fertile. En
Les coproduits de la mer, un enjeu écologique
On appelle « coproduit de la mer » les parties des poissons et crustacés qui ne sont pas destinées à la vente principale. Ce sont souvent des parties non comestibles comme les arêtes, les têtes, les nageoires ou encore la peau. Selon FranceAgriMer, les « filières bleues » en France génèrent plus de 210 000 tonnes de coproduits par an, dont 150 000 tonnes sont valorisées : il reste donc 60 000 tonnes sans débouchés ! D’où l’intérêt de développer des projets comme celui de Caviar de Neuvic, afin de valoriser un maximum de ces coproduits.
Des panneaux photovoltaïques pour protéger les bassins
Depuis cinq ans, Caviar de Neuvic s’est associé à REDEN, producteur d’énergie solaire, pour installer la plus grande toiture photovoltaïque en pisciculture en France. D’une surface de 26 000 m², celle-ci couvre désormais ses bassins d’esturgeons afin d’apporter de l’ombre et de limiter l’impact de la pluie, du vent ou du soleil. Les esturgeons préfèrent en effet les eaux sombres : le recouvrement des bassins a ainsi créé un environnement plus adapté et réduit les sources de stress liées à la lumière et aux variations de température. Les 11 000 panneaux photovoltaïques produisent l’équivalent de la consommation annuelle en électricité de 2 700 foyers et évitent le rejet de 150 tonnes de CO2 par an. Cette toiture a représenté un investissement de 6 millions d’euros, financé par l’actionnariat participatif de 94 personnes résidant en Dordogne. Une centrale annexe de 770 m2 a permis à Caviar de Neuvic d’atteindre une autonomie énergétique partielle : ses 370 panneaux photovoltaïques couvrent 9 % de sa consommation annuelle.
Et demain ?
Caviar de Neuvic va continuer de développer son activité dans le respect de l’équilibre naturel de l’esturgeon, poisson très sensible aux modifications de son environnement. En 2023, l’entreprise a obtenu la certification B-Corp (Benefit Corporation), qui évalue l’impact environnemental et social d’une entreprise. Avec une production de 7 tonnes de caviar par an, ce sont 320 tonnes de coproduits qui sont générés puis valorisés.