Cette hausse des températures représente l’un des scénarios climatiques envisageables pour la France métropolitaine à l’horizon 2100. Bien que l’avenir climatique de la seconde moitié du siècle reste incertain et dépende des efforts actuels de réduction des émissions, il est impératif de s’y préparer dès maintenant. Le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) élaboré par le gouvernement, et dont l’ADEME est partie prenante, définit la stratégie nationale pour relever ce défi.
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Les trois grands défis qui nous attendent
Le changement climatique a des conséquences multiples qui nécessitent des réponses coordonnées. Or, celles-ci se heurtent à trois principaux obstacles :
- Le premier est la tension entre les priorités budgétaires à court terme et la nécessité d’une stratégie à long terme pour l’adaptation climatique.
- Le deuxième réside dans les différents niveaux de gouvernance (national, régional, local) en France, qui peuvent entraîner des chevauchements de responsabilités et complexifier les prises de décisions.
- Le troisième est le retour du climato scepticisme dans l’opinion publique.
Le 25e baromètre sur les représentations sociales du changement climatique de l’ADEME révèle que le nombre de climato-sceptiques a presque doublé ces 20 dernières années, avec près de 30 % des personnes interrogées qui considèrent que « les désordres climatiques sont des phénomènes naturels, comme il y en a toujours eu ».
L’adaptation, c’est maintenant !
Agir maintenant pour préparer demain : c’est le cœur de l’adaptation. Concrètement, cela veut dire anticiper les impacts futurs du changement climatique au lieu de simplement réagir aux conditions actuelles. En 2023, une Trajectoire de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC) a été mise au point par le ministère de la Transition écologique, en collaboration avec les collectivités locales, associations, entreprises, chercheurs et experts en climat. « Elle prévoit une augmentation de 2°C d’ici 2030 et de 2,7°C d’ici 2050 en France métropolitaine » indique Robert Bellini, adjoint à la direction Adaptation, aménagement et trajectoires bas carbone de l’ADEME. C’est sur cette trajectoire que s’appuie le 3e PNACC.
Alors, par où commencer ?
Le 3e PNACC propose de généraliser les diagnostics de vulnérabilité. Les entreprises peuvent d’ores et déjà réaliser leur propre audit avec la méthodologie ACT de l’ADEME, tandis que les collectivités peuvent s’appuyer sur l’outil Facili-TACCT pour réaliser leur diagnostic. Le PNACC inclut également des mesures de prévention des crises climatiques. Parmi ces mesures, on retrouve la prise en compte des risques climatiques dès la phase de maîtrise d’ouvrage d’un projet urbain. La plateforme « Plus Fraîche Ma Ville » de l’ADEME est par ailleurs, un bon exemple d’outil opérationnel à utiliser dans ces cas-là : elle fournit des solutions concrètes aux collectivités pour rafraîchir durablement leurs territoires.
Certains ont déjà commencé le travail
Le tourisme est un des secteurs les plus touchés par le changement climatique. La station de moyenne montagne Métabief dans le Doubs a étudié l’évolution de la rentabilité de l’activité de ski, infrastructure par infrastructure, à horizon 2040 (lorsqu’il n’y aura presque plus de neige). Elle planche actuellement sur les modalités de la future diversification de son activité, en collaboration avec Météo France pour les projections climatiques. De son côté, le Groupe Pierre & Vacances a réalisé en 2018 une cartographie des risques physiques à horizon 2030 sur 300 de ses sites. Celle-ci a révélé une exposition accrue de certains sites aux tempêtes, pouvant entraîner des dommages directs sur les bâtiments et une augmentation des frais de rénovation et d’assurances. En 2023, le Groupe a passé le test ACT de l’ADEME. Un an plus tard, il s’est doté d’une feuille de route d’adaptation.
L’union fait la force
« Les communes, les entreprises ou les habitants ne s’adapteront pas seuls » explique Robert Bellini. Tous doivent coopérer pour élaborer des trajectoires d’adaptation pertinentes. Le PNACC encourage activement cette collaboration entre les pouvoirs publics, les entreprises privées, les associations et les citoyens. Plus précisément, il propose une formation de tous les agents publics à l’adaptation, ainsi que l’intégration de la TRACC dans les documents de planification, les normes techniques et les dispositifs d’aide aux entreprises. À Dunkerque l’an dernier, l’agence d’urbanisme Agur et le Syndicat de l’Eau du Dunkerquois ont créé ensemble la première « Toile de l’eau », un outil innovant pour permettre à l’ensemble des acteurs de l’eau de travailler sur le même support. « À l’ADEME, nous croyons fermement à cette nécessité de coopération entre acteurs » souligne Robert Bellini.
Comment changer le regard des gens sur le climat ?
Le PNACC vise également à favoriser un changement culturel dans la façon dont la société interagit avec les risques climatiques et la durabilité environnementale. Il recommande des campagnes de sensibilisation accrues, des initiatives éducatives et des programmes de participation citoyenne : « Semaine de l’adaptation », formation au sujet dans les programmes d’études supérieures, pratique de l’exercice ORSEC pour réagir en cas de rupture d’approvisionnement en eau potable… De nombreux outils de sensibilisation existent déjà : l’ADEME a produit un guide grand public « Changement climatique », le site M Ta Terre donne des conseils pratiques, les Ateliers de l’Adaptation proposent de venir former des groupes… Malgré tout, la prise de conscience n’est pas encore généralisée et la sensibilisation doit être multipliée !
Faire le lien avec la santé humaine, efficace pour passer à l’action
L’approche One Health est également une méthode très efficace pour toucher le grand public. Le principe est simple : il s’agit d’expliquer en quoi le changement climatique est une pression supplémentaire sur le système de santé (surmortalité en période de chaleur, accidentologie, dermatologie, maladies vectorielles…) « Les capacités d’adaptation dépendent de la bonne santé, individuelle et collective » souligne Robert Bellini. Or, les personnes âgées ou en situation de handicap sont particulièrement vulnérables aux épisodes climatiques extrêmes. « En 2023, 27 % de la population de l’UE âgée de plus de 16 ans souffrait d’une forme de handicap, ce n’est pas négligeable » appuie Robert. Le PNACC propose ainsi une approche One Health pour la prévention des risques sanitaires liés au changement climatique (canicules, épidémies…), une adaptation des milieux naturels, ou encore l’approfondissement des connaissances des impacts du changement climatique sur la santé. De son côté, l’ADEME se veut le booster d’un nouvel urbanisme plus favorable à la santé.
Faisons confiance à la nature
Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) ont un potentiel énorme. « On les appelle des solutions sans regret, car elles luttent contre les effets du changement climatique tout en préservant la biodiversité » précise Robert Bellini. Le PNACC propose de les déployer systématiquement. Concrètement, il s’agit de protéger ou restaurer les écosystèmes, pour qu’ils continuent de jouer leur rôle de régulateur et d’encourager des pratiques comme l’agroécologie. L’ADEME est partenaire du projet Life ARTISAN (Accroître la résilience des territoires aux changements climatiques par l’incitation aux solutions d’adaptation fondées sur la nature), qui est piloté par l’Office français de la biodiversité pour accélérer le déploiement des SfN.
Il est temps d’agir
Ce qui est motivant avec ce 3e PNACC, c’est qu’il impulse une dynamique concrète et opérationnelle. « Beaucoup d’actions peuvent déjà être mises en place, pour lesquelles les innovations sont surtout organisationnelles » indique Robert Bellini. Sans réinventer la roue, il va surtout falloir davantage coopérer et décloisonner les approches. Alors, prêts à démarrer le processus ?