Menées à travers des partenariats et des appels à projet de recherche (APR), portées par la puissance publique, les recherches sur les énergies renouvelables et la biodiversité visent à répondre au besoin d’objectivation des débats par des connaissances robustes, et aux asymétries de connaissances entre les parties prenantes.
Partager
Dès 2008 : le programme national « Éolien et Biodiversité » et le partenariat avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)
Le programme national « Éolien et Biodiversité » de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) vise à améliorer l’intégration environnementale des parcs éoliens notamment vis-à-vis des oiseaux et des chauves-souris. Mis en œuvre depuis 2002 par la LPO, et soutenu depuis 2008 par l’ADEME, au côté du ministère en charge de l’Écologie, il vise à connaître les impacts potentiels de l’éolien pour identifier les moyens de les éviter. Dans ce cadre, l’ADEME a ainsi financé la rédaction des premiers protocoles de suivi des mortalités d’oiseaux et des chauves-souris liées aux éoliennes. Plus récemment, le programme a produit une synthèse de connaissances : sur l’éolien en 2018, puis sur le photovoltaïque en 2022. Le programme s’est en effet élargi aujourd’hui à l’ensemble des énergies renouvelables. Les résultats des projets sont partagés tous les 2 ans à la communauté scientifique et aux acteurs de l’énergie. En parallèle, l’ADEME soutient depuis les années 2000 l’UICN dans l’animation de groupes techniques, présidés par des scientifiques et rassemblant l’ensemble des parties prenantes. Ces groupes identifient des leviers pertinents d’atténuation des impacts, partagent des retours d’expérience pour aboutir à des recommandations à destination des acteurs et décideurs publics. En 2023, l’UICN a publié un guide pour améliorer la prise en compte de la biodiversité dans la planification et la conception des projets éoliens et photovoltaïques. D’autres projets, tel que « éolien et chiroptères » du Muséum national d’histoire naturelle ont été soutenus par l’ADEME entre 2020 et 2023. Ce programme a permis de développer des méthodes pour évaluer les impacts sur l’état des populations en France, notamment les pertes d’habitats, et de proposer des mesures d’évitement, de réduction et de compensation (ERC) adaptées.
2020 : L’APR Énergie Durable (APRED)
La thématique EnR et biodiversité a ensuite été intégrée à l’APRED afin de créer de nouveaux partenariats avec les énergéticiens, et d’augmenter globalement le nombre de projets. L’APR contribue ainsi au plan biodiversité du 4 juillet 2018 qui prévoit une réduction de l’empreinte biodiversité de 4 filières prioritaires dont l’énergie et à la stratégie nationale biodiversité 2030 qui demande de renforcer la prise en compte des enjeux de protection de la biodiversité dans les projets d’installations de production d’énergie (mesure 5.3).
Trois éditions de l’APRED se sont succédé depuis 2019, permettant de soutenir 16 projets portant sur les éoliennes terrestre et offshore, ainsi que sur le photovoltaïque au sol et flottant.
Pour chaque filière, il s’agit d’évaluer les impacts potentiels et les solutions pour les atténuer, principalement au niveau des études d’impact, lors de la conception des infrastructures et de leur exploitation.
Les APR récents
La biodiversité est ainsi au croisement de plusieurs APR : l’APRED, afin d’intégrer les infrastructures énergétiques hors biomasse, GRAINE qui cible les filières de bioénergies, puis depuis 2023 à travers l’APR ITTECOP, ainsi que dans le programme Thèses.
Créé en 2008 par le ministère de l’Écologie, en coordination avec l’ADEME, l’OFB et la Fondation pour la recherche en biodiversité (FRB), dans le cadre de la première stratégie nationale pour la biodiversité, ITTECOP est un programme de recherche dédié à l’intégration des questions relatives aux écosystèmes et aux paysages lors de l’élaboration et de la réalisation de projets d’infrastructures ou l’adaptation d’aménagements existants. À partir de l’APR 2024, ITTECOP intègre les infrastructures de production d’énergie dans son champ de recherche.
Les travaux sont conduits en coordination avec l’Observatoire des énergies renouvelables et de la biodiversité, instauré en 2024 par la loi d’accélération des énergies renouvelables. Cet observatoire, mis en œuvre conjointement par l’OFB et l’ADEME avec l’appui de l’UAR PatriNat, a notamment pour mission de réaliser un état des lieux de la connaissance des incidences des énergies renouvelables sur la biodiversité, les sols et les paysages, des moyens d’évaluation de ces incidences et des moyens d’amélioration de cette connaissance. Les travaux de recherche vont donc alimenter l’Observatoire, tandis que celui-ci contribuera à identifier les besoins de recherche. À titre d’exemple, l’Observatoire pourra réaliser des cartographies de la littérature scientifique comme l’UAR PatriNat l’a déjà publié en 2023 pour les effets des panneaux photovoltaïques sur la biodiversité.