Les statistiques alarmantes et les sombres prédictions, très peu pour lui ! Mamadou Dembele est aux commandes du compte The Impact Story, où il met en lumière des avancées technologiques, des start-up et des figures méconnues qui s’engagent pour l’environnement.
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Globalement peu traité dans les médias, le sujet de l’environnement donne souvent lieu à des positions clivées dont le spectre va du catastrophisme résigné au « négationnisme » pur et simple. Les solutions sont plus rarement évoquées. Au travers des contenus agrégés sous le compte The Impact Story, Mamadou Dembele propose une vision autrement stimulante, consciente des enjeux du changement climatique et néanmoins positive. Incitative sans être moralisatrice. Célébrant l’innovation à toutes les échelles plutôt que ruminant l’idéal perdu d’un passé mythifié.
Un jeune homme qui se sentait désaligné avec son employeur, une entreprise du CAC40, m’a dit que mon travail l’avait incité à lancer sa propre solution : quoi de plus gratifiant ?
Avec ses vidéos punchy et solidement documentées, l’influenceur donne à voir et à entendre des histoires inspirantes qui montrent que le changement n’est pas seulement possible : il est en actes, dans toutes les régions du monde. Ici, des panneaux en textile transforment le brouillard en eau potable. Là, des drones sont utilisés à des fins de reforestation. Ailleurs, le bambou sert d’allié pour inventer une solution de climatisation naturelle… « Ce que j’aime, c’est montrer qu’avec une bonne idée et un peu d’ingéniosité, on peut améliorer l’existence des gens, même sans beaucoup de moyens financiers. »
Changer la vie, particulièrement celle des plus précaires : voilà la matrice de l’engagement de Mamadou. Au fil de son parcours – naissance au Mali, enfance dans la Seine-Saint-Denis, études de finance à l’université Paris-Dauphine –, le jeune homme voit s’aiguiser sa sensibilité aux inégalités « héritées », et sa volonté de les corriger. Il faut alors un événement imprévu pour élargir le champ de ses préoccupations à la question environnementale.
« Pendant mon master, j’ai fait un stage au sein d’une banque. Lorsque l’association Greenpeace a bloqué l’accès aux bureaux pour dénoncer le financement des énergies fossiles, j’ai eu l’occasion de discuter avec une militante qui m’a ouvert les yeux sur le lien entre justice sociale et justice écologique. »
650 000 followers de tous profils
Sa conscience ainsi éveillée, Mamadou se projette sur le choix d’un métier. Celui-ci devra être aligné avec son exigence de sens. En 2021, tout juste diplômé, il rejoint Blisce, le premier fonds européen labellisé B Corp (label octroyé aux sociétés commerciales répondant à des exigences sociétales et environnementales, de gouvernance et de transparence envers le public). Puis devient associé chez AFI Ventures, qui accompagne des start-up développant des projets responsables dans la décarbonation des industries, la santé ou encore l’agriculture.
« L’activité d’investisseur m’a permis de mesurer la richesse des initiatives qui foisonnent dans l’entrepreneuriat écologique. De là vient la décision de me lancer sur les réseaux sociaux – Instagram, TikTok, LinkedIn, YouTube – en créant The Impact Story. »
À force de vidéos postées et partagées, une communauté prend forme et des porteurs de projet en quête de visibilité se manifestent pour proposer des partenariats à Mamadou. Mais comment séparer le bon grain des démarches vertueuses et l’ivraie du greenwashing ? « Je tiens de mon expérience professionnelle une méthodologie qui m’aide à faire la part des choses, confie Mamadou. Et, quand j’ai le moindre doute, je pose des questions. Si le projet mis en avant par l’entrepreneur représente une part négligeable de son chiffre d’affaires, il y a lieu d’être méfiant. Même chose si les ambitions de développement ne sont pas claires ou suffisamment étayées. »
En l’espace de deux ans, les différents comptes The Impact Story se taillent une vaste audience, aujourd’hui estimée à 650 000 personnes. Hommes et femmes à parts égales, jeunes et moins jeunes, militants écologistes, simples curieux, mais aussi climatosceptiques… : les followers présentent une grande diversité de profils. Dans ce constat, Mamadou tient peut-être une preuve : oui, il est parvenu à toucher une partie de la population qui ne se reconnaît pas dans le discours écologiste traditionnel, en particulier les habitants des banlieues et des territoires ruraux.
Faire émerger de nouveaux « super-héros »
En 2024, Mamadou concrétise un projet qui lui tient à cœur : l’animation du podcast « Impact Story » soutenu par l’ADEME. Il s’agit d’accueillir en grand format (une heure, voire davantage) des personnalités référentes sur les sujets à dimension sociale et environnementale, comme une pionnière de la lutte contre le gaspillage alimentaire, à l’origine de l’appli Too Good To Go, ou le cofondateur des baskets écoresponsables Veja.
J’aurais pu devenir activiste ou militant, mais j’ai trouvé plus intéressant, et conforme à mon caractère, de porter les enjeux écologiques auprès de publics restant à convaincre.
À l’avenir, Mamadou prévoit de tendre son micro à des acteurs qui ne sont pas nécessairement identifiés pour leur contribution à la transition. Humoristes, comédiens, et sportifs pourraient ainsi se succéder. « J’ai la conviction que l’écologie se démocratisera en englobant la culture dans son sens le plus large. Prenez les jeunes générations : leur imaginaire se construit à partir de la BD, des dessins animés, et des pop stars. Quand j’étais plus jeune, mon modèle était Bruce Wayne, alias Batman, dont la passion dévorante pour les grosses cylindrées et les jets privés n’en fait pas un héros pour notre temps… À nous, influenceurs et leaders d’opinion, de valoriser les modèles dont la société a besoin ! »
