Les départements et territoires d’Outre-mer sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Pour les accompagner, l’ADEME propose des méthodes d’adaptation et soutient des initiatives locales visant à renforcer leur résilience.
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Cyclones, érosion côtière, sécheresses… Les départements et territoires d’Outre-mer sont en première ligne face aux conséquences du changement climatique. Afin de dresser le bilan des risques, le Réseau Action Climat a publié en juin 2025, avec le soutien financier de l’ADEME, le rapport La France face au changement climatique : les Outre‑mer, premiers exposés. Il s’appuie notamment sur les conclusions du GIEC, de l’ONERC et d’autres études scientifiques. D’après le rapport, en cas de réchauffement global de +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, la part des cyclones de catégories 4 et 5, c’est-à-dire dont la vitesse du vent dépasse 209 km/h, devrait augmenter de 13 %. De plus, le niveau de la mer devrait monter rapidement : au minimum + 76 cm d’ici à la fin du siècle. Ces catastrophes environnementales vont de pair avec la dégradation des récifs coralliens et un effondrement de la biodiversité, alors même que les DROM-COM abriteraient 80 % de la biodiversité française. Aux vulnérabilités environnementales s’ajoutent les vulnérabilités sociales : à Mayotte par exemple, 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, 53 % en Guyane et 42 % à La Réunion, contre 14 % en métropole. Ces inégalités réduisent fortement la capacité des populations locales à faire face, s’adapter et rebondir face aux impacts du dérèglement climatique.
Des outils pour s’adapter
Bien que les premiers touchés par le changement climatique, la contribution de ces territoires aux émissions de gaz à effet de serre est minime par rapport à celles de l’Hexagone. Pour les accompagner dans leur adaptation, l’ADEME met à disposition une démarche appelée TACCT, pour Trajectoires d’Adaptation au Changement Climatique des Territoires. « Il s’agit d’une méthode complète que nous mettons gratuitement à disposition des collectivités et qui vise à dresser un panorama des vulnérabilités, puis à mettre en place un plan d’actions concret au service du territoire » explique Lilian Carpenè, coordinateur de l’action de l’ADEME en Outre-mer. Pour l’instant, le sujet émerge peu à peu dans les politiques publiques et une vingtaine de collectivités des DROM-COM ont mobilisé cet outil, à des degrés divers. « Il s‘agit dans un premier temps de sensibiliser les acteurs et de prendre conscience collectivement des risques concrets auxquels nous devrons faire face dans les années à venir » complète Lilian Carpenè. Ces moments sont précieux car ils permettent des inspirations croisées entre des territoires qui ont différents niveaux d’appropriation du sujet. L’État et ses opérateurs, dont l’ADEME, ont mis en place un service commun pour l’adaptation au changement climatique, nommé mission-adaptation.fr pour simplifier l’offre d’appui aux collectivités. « En Guyane, nous commençons seulement à investir le sujet de l’adaptation, note Ingrid Hermiteau, directrice régionale Guyane de l’ADEME. Début juin 2025 avaient lieu “Les journées de l’adaptation” dont l’objectif est de faire connaître ce que nous savons du changement climatique sur notre territoire et de partager des solutions d’adaptation déjà mises en place, ici ou dans des climats comparables. »
L’exemple de la Guadeloupe
Dans le cadre d’un projet de recherche européen nommé TransformAr, lancé en 2021, la Guadeloupe expérimente des solutions d’adaptation au changement climatique sous la coordination de l’ADEME. L’accent est notamment mis sur l’agriculture avec un modèle de financement collaboratif : le Fonds Local pour l’Adaptation en Guadeloupe (FLAG). La mobilisation conjointe de financeurs publics et privés, tels que la Région Guadeloupe, le Conseil départemental, l’Office de l’Eau, la Banque des Territoires et le Crédit Agricole a permis de réunir 1 million d’euros pour soutenir six projets innovants. L’ADEME a également contribué à ces projets à hauteur de 424 915,39 €. Lancés fin 2024 suite à un appel à projets, ils portent notamment sur la gestion durable de l’eau, l’agroécologie, l’optimisation numérique des systèmes agricoles ou encore le renforcement de la filière porcine locale. « Parmi ces projets se trouve par exemple RESAFOR, qui vise l’élaboration d’un guide des meilleures pratiques pour l’agroforesterie et l’agriculture biologique, ainsi que le suivi des pratiques agroforestières en Guadeloupe, explique Pauline Guerecheau-Desvignes, Cheffe de projet TransformAr pour l’ADEME. Nous pouvons aussi citer le projet PLUVARIDE, sur la conception de systèmes agroécologiques pour prévenir les inondations, gérer les ressources en eau et favoriser la régénération des sols. »
Grâce au dispositif FLAG, la Guadeloupe pourrait devenir un exemple inspirant pour d’autres régions confrontées aux défis du changement climatique, en leur offrant un modèle de financement collaboratif piloté au niveau local, adaptable et efficace.