La question de la nature en ville est apparue assez tôt dans les réflexions de l’ADEME, à la croisée des questions d’organisation urbaine et de gestion durable des sols urbains. Avec le changement climatique, les problématiques d’adaptation et de rafraîchissement apparaissent, puis plus largement la question des services écosystémiques rendus par la nature en ville.
Partager
Le Programme interdisciplinaire de recherche ville et environnement (PIRVE) 2008-2010 initié par le CNRS et le PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture) s’inscrit dans un contexte marqué à la fois par un phénomène massif d’urbanisation et par des préoccupations croissantes autour des questions écologiques. Le champ « ville et environnement » est alors investi autour d’enjeux collectifs touchant à la qualité de la vie des citadins, à la vulnérabilité des espaces urbains, ainsi qu’à l’évolution des villes à l’échelle large des agglomérations et des régions urbaines et à leurs impacts locaux et globaux… La nature en ville y est questionnée tout autant en termes d’aménités positives que négatives, considérant la qualité des cadres de vie, la préservation de la biodiversité et les questions de son acceptation, allant jusqu’à distinguer « nature en ville », « nature de la ville », jardins et aménagements paysagers.
Ce questionnement sur la place de la nature en ville sera également abordé dans d’autres actions partenariales, plus opérationnelles, initiées par l’association Plante & Cité, avec pour approche la place, la culture et les incidences du végétal en ville. Cette approche converge davantage vers les travaux de l’ADEME relatifs à la qualité des sols, à la reconversion des friches polluées et à l’agriculture, alors que le premier programme renouvelle les questionnements liés à l’organisation urbaine et au cadre de vie. Cette mise en controverse de la place de la nature en ville sera valorisée dans un volet complémentaire de la démarche AEU2 (Approche environnementale de l’urbanisme), qui trouve un nouvel élan après le Grenelle de l’environnement (2009-2010) dont l’ADEME est cheville ouvrière, et qui conforte le rôle des documents de planification urbaine comme leviers du développement durable. D’ailleurs, « La nature en ville » sera l’un des quatre objets politiques de renouveau du plan Ville durable issu des lois Grenelle, avec les ÉcoCités, les ÉcoQuartiers, les transports en commun en site propre, et débouchant sur une politique spécifique « nature en ville » à l’initiative du ministère de la Transition écologique.
La nature pour rafraîchir les villes
La montée en conscience des préoccupations liées aux risques climatiques a orienté les priorités de recherche de l’atténuation vers l’adaptation au changement climatique. Abordant d’abord la question par aléas climatiques, l’ADEME prendra le temps d’un benchmark des solutions d’adaptation. Celui-ci mettra en évidence l’intérêt des solutions dites « vertes » (végétalisation, renaturation) comme procédés de limitation du phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU). Un appel à projets de recherche sera alors dédié à la prise en compte de l’adaptation dans l’urbanisme en s’appuyant sur les recommandations du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) 2011-2015. En matière d’urbanisme et de cadre de vie, le PNACC retient un enjeu fort : celui du confort d’été, qu’il cible en premier lieu dans le bâtiment. Pour autant, la première action proposée par ce plan est une intervention au niveau des documents de planification, notamment par l’intégration de la biodiversité et des risques liés au changement climatique. La seconde concerne la gestion de la nature en ville et des espaces verts. La troisième s’efforce d’anticiper et de lutter contre les canicules en ville, l’ICU, voire la surchauffe urbaine. En matière de recherche, le PNACC insiste sur l’importance des retours d’expérience mais aussi sur la modélisation du climat des villes et le rôle des morphologies urbaines.
La question des services écosystémiques rendus par la nature
Les questionnements sur la modélisation portés par le PNACC trouveront plus justement leur place parmi d’autres enjeux de la ville durable dans les quatre éditions de l’APR MODEVAL-URBA. La nature en ville y est d’abord questionnée comme facteur de qualité du cadre de vie, puis comme étant porteuse de cobénéfices contribuant à l’évaluation sanitaire, environnementale et de confort de la ville durable. La deuxième édition dédie un axe à l’articulation entre planification urbaine et stratégie énergie-climat. Le troisième appel reprendra la question des services rendus par les sols non artificialisés. La dernière édition laissera une large place à ces questions sous l’angle de la lutte contre la surchauffe urbaine par des solutions fondées sur la nature et sur la renaturation des interstices urbains au service de la qualité d’usage des espaces publics. Enfin, le dernier appel à projets de l’ADEME, « Planifier et aménager, face au changement climatique, la transition des territoires » (PACT²e), redonne la priorité de l’adaptation des villes et des territoires au changement climatique avec la notion de solution d’adaptation fondée sur la nature (SAfN) pour conforter la résilience territoriale et l’importance des documents de planification. Cette notion de SAfN a été largement explorée et définie dans le cadre du projet Life ARTISAN piloté par l’OFB et dont l’ADEME est partenaire.
Aujourd’hui, l’agenda politique qui cible l’arrêt des extensions urbaines à travers l’objectif de « zéro artificialisation nette » à 2050 renouvelle la valeur, la place et le rôle des espaces non artificialisés, ainsi que les enjeux autour de la renaturation.