Thalassothermie, une école chauffée par la mer

Posée tel un navire sur les docks du Havre, l’École nationale supérieure maritime (ENSM) est alimentée par une pompe à chaleur sur eau de mer. Cette technologie, aussi appelée thermofrigopompe, assure l’ensemble de ses besoins en chaud et en froid, sans source d’appoint.


La thalassothermie fonctionne sur le même principe que la géothermie mais, au lieu d’aller chercher l’énergie dans le sol, elle la puise dans l’eau de mer. Dans le cas de l’ENSM, les calories sont captées dans le bassin voisin, puis transférées via un échangeur thermique aux deux boucles d’eau douce qui alimentent les radiateurs et climatiseurs de ce bâtiment de 10 000 m2. Cela suffit à assurer le confort thermique des élèves, mais aussi le rafraîchissement des salles où se trouvent des machines (serveurs informatiques, simulateurs de conduite, etc.).

Le bâtiment, inauguré en 2015, est à énergie positive

En plus de cette thermofrigopompe, « il est équipé de 900 m2 de panneaux photovoltaïques, complète Guillaume de Beauregard, directeur de l’établissement. Il a aussi une très faible déperdition de chaleur puisqu’il est constitué de matériaux qui, comme son revêtement extérieur en écailles d’aluminium, conservent la chaleur ou le frais à l’intérieur. Par ailleurs, l’air qui entre dans les locaux passe par une centrale de traitement équipée d’une “roue de récupération des calories” de l’air sortant. »

1 kWh

d’électricité consommé par la pompe pour produire 2 à 3 kWh de chaleur

À l’ENSM, toutes les conditions réunies

Le projet architectural de l’ENSM réunissait toutes les conditions nécessaires à la mise en œuvre de la thalassothermie. Il se trouvait à proximité de la mer et surtout, c’était un bâtiment neuf, de taille conséquente et bien isolé. En effet, « ce type d’énergie prend de la place et nécessite d’installer des canalisations adaptées aux basses températures », explique Étienne Le Brun, chargé de mission énergies renouvelables à la direction régionale de l’ADEME en Normandie. Aujourd’hui, il n’existe pas de technologie standard. Chaque cas est unique. « L’intérêt de la solution choisie par l’ENSM réside dans son fonctionnement en circuit fermé. L’eau de mer n’entre pas. Seuls les capteurs sont exposés aux risques d’encrassement et de corrosion liés au sel et à la présence de mollusques. » Un bon point, qui explique pourquoi le site est souvent montré en exemple.