ADEME Magazine change de formule. Son contenu évolue et met l’accent, pour cette première édition, sur l’action et la coopération territoriales. Il s’inscrit ainsi dans une nouvelle ère de la transition écologique, celle de la territorialisation.
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Aujourd’hui, il n’est plus question de décliner au niveau local des décisions nationales, suivant une logique top-down, mais de faire en sorte que les objectifs fixés par l’État rencontrent les réalités concrètes des citoyens, des élus, des entreprises et des associations sur le terrain. Cela limite les blocages et favorise la mobilisation. De la même façon, parce que chaque contexte est différent, les projets ne peuvent pas être calqués les uns sur les autres. À l’ADEME, nous avons une logique d’essaimage. Avant de partager des initiatives intéressantes auprès de nos réseaux, nous analysons les conditions de leur réussite et leurs freins éventuels, de manière que ceux qui veulent s’en inspirer aient toutes les clés pour adapter ces actions à leurs propres enjeux.
La transition écologique sera territoriale ou ne sera pas. C’est grâce à la connaissance des acteurs de terrain, élus locaux, entrepreneurs, chercheurs, associations, citoyens, que l’on construit un plan de transition écologique qui marche.
Le Grand Défi Écologique, organisé du 3 au 6 avril au Havre, en Normandie, témoigne d’une mobilisation déjà bien engagée des territoires.
Ce dynamisme, j’ai pu le constater en tant que dirigeant d’entreprise, puis en tant qu’élu. J’en ai encore pris la mesure quand, après ma nomination à la tête de l’ADEME, j’ai fait la tournée de toutes ses directions régionales. Il s’agissait d’aller à la rencontre des équipes, bien sûr, mais aussi de découvrir ce qui se faisait sur le terrain. Partout en France, j’ai été témoin d’une extraordinaire inventivité. Des solutions et technologies originales y sont déployées tous les jours. Les visites organisées au Havre à l’occasion du Grand Défi Écologique en sont la preuve. Des élus aux acteurs économiques, en passant par les associations, les scientifiques ou les citoyens, nombreux sont ceux qui sont déjà sur la voie de la transition écologique. Ce magazine le montre : certaines entreprises sont prêtes à tester de nouveaux modèles économiques, des coopératives explorent des modèles de gouvernance inédits, de jeunes militants déploient une énergie hors du commun pour réveiller les consciences.
L’objectif de réduire de 138 millions de tonnes par an les émissions de CO2 du pays d’ici à 2030 est ambitieux, mais atteignable. Pour y arriver, la mobilisation de tous est nécessaire, mais les élus locaux ont un rôle central. Une décision sur deux passe par eux, puisqu’ils interviennent aussi bien dans la planification des énergies que dans la gestion des déchets, sur les sujets d’occupation des sols, d’alimentation et d’éducation… C’est pourquoi l’ADEME a lancé fin 2023 le réseau Élus pour agir. Il s’agit, à travers lui, de partager des clés de décryptage, d’aider à faire le lien entre les grands problèmes du monde et la réalité de la vie des territoires, pour que chaque élu puisse se saisir des enjeux liés à la transition écologique à son échelle, et agir. Preuve de l’éveil des consciences face à l’urgence climatique, de plus en plus de collectivités s’engagent et s’inscrivent dans une perspective d’avenir. En mars, trois mois seulement après le lancement du réseau, 2 000 élus locaux l’avaient déjà rejoint. C’est deux fois plus que l’objectif que nous nous étions fixé. Si l’on ajoute à cela tous les projets innovants poussés par le plan d’investissement France 2030 et les changements de comportement à l’oeuvre dans la population, il y a de l’espoir.