Dossier

Les achats publics biosourcés, créateurs de valeur locale

La mairie de Rosny-sous-Bois (93) a fait le choix de la paille et du bois dans tous ses chantiers de construction et de rénovation. Une initiative que la Région Île-de-France aimerait voir essaimer.
Le point avec Charlotte Picard, directrice adjointe Recherche & Innovation territoriale à la mairie de Rosny-sous-Bois, et Camille Batteux, ingénieure Bâtiment à la direction régionale de l’ADEME en Île-de-France.


Pourquoi choisir des matériaux biosourcés ?
Charlotte Picard

Pour limiter l’impact de nos chantiers et bâtiments. Notre mairie s’est dotée en 2010 d’une direction Recherche & Innovation, chargée de réfléchir aux moyens de rendre la ville plus résiliente au changement climatique. Il était logique que nous cherchions aussi à ne pas aggraver ce phénomène par nos émissions. De façon générale, nous privilégions la rénovation à la construction. Mais, notre ville s’étant fortement densifiée, nous ne pouvions faire autrement que de créer six établissements scolaires supplémentaires. Pour nous assurer qu’ils soient vertueux, nous avons décidé de les concevoir en interne – notre direction étant constituée d’architectes et d’ingénieurs, c’était possible. Nous nous sommes alors vite intéressés à la paille, dont la production peut être locale et rapidement renouvelée, puis au bois, moins énergivore que le béton ou l’acier.

Camille Batteux

La plupart des biosourcés présentent plus d’avantages que les matériaux auxquels ils se substituent. La paille, par exemple, est à la fois un bon isolant thermique, capable d’apporter du confort en été comme en hiver, et un bon isolant acoustique.

Comment favoriser l’utilisation des biosourcés, mais aussi faire en sorte que cela crée de la valeur sur un territoire ?
C. B. 

Outre la sensibilisation du public aux atouts des biosourcés, il y a un vrai besoin de structuration des filières, depuis la production des ressources brutes jusqu’à leur transformation et leur mise en œuvre. En Île-de-France, c’est de plus en plus le cas grâce à la constitution en 2018, par la Chambre régionale d’Agriculture et l’Ordre des architectes d’Île-de-France, d’un comité de liaison regroupant tous les acteurs concernés*. Il faut aussi développer des formations: les architectes et bureaux d’études doivent savoir intégrer ce type de produits dans leurs projets, et les artisans les installer. Autre levier important : le financement. Pour aider les petites collectivités à supporter le surcoût, la Région leur propose une aide pouvant aller jusqu’à 300 000€ si elles se lancent dans la rénovation énergétique d’un bâtiment public et y intègrent au moins 12kg de matériaux biosourcés par mètre carré de surface de plancher.

C. P. 

Pour nous, le défi a été l’approvisionnement. Nous voulions privilégier le bois local, en circuit court.

D’autres défis à relever ?
C. B.

Pour créer durablement de la valeur sur un territoire, il faut arriver à accorder l’offre et la demande. L’ADEME joue sur les deux tableaux : nous faisons de la sensibilisation et nous relayons les appels à projets visant à développer les filières de matériaux biosourcés.

* Ce comité regroupe le CROAIF, le CARIDF, le Collect’IF Paille IDF, Fiboir IDF, l’UICB, Interchanvre, Construire en Chanvre, le RFCP, l’AICB, l’ADEME IDF, la Région IDF, Ekopolis, la DRIEAT et la DRIAAF.