Terrain

Sargasses : du fléau à la ressource ?

Les plages de Guadeloupe sont régulièrement envahies par les sargasses, des algues brunes et nauséabondes. Un projet soutenu par l’ADEME vise à les valoriser en les transformant en matériau isolant utilisé dans la construction.


Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, les sargasses prolifèrent dans les Caraïbes. De mars à novembre, ces algues brunes rendent impraticables une soixantaine de plages de Guadeloupe. Dites pélagiques, ces algues se déplacent sous forme de radeaux flottants et sont particulièrement sensibles aux courants marins. Avant 2011, elles étaient présentes uniquement au niveau de la mer des Sargasses, au large de l’État américain de Floride. Sous l’effet du changement climatique, notamment, leur territoire s’est progressivement étendu jusqu’à atteindre l’entièreté de l’arc caribéen. Pour les habitants comme pour le tourisme, leur présence est une calamité. En condition anaérobie, échouées sur la plage, les sargasses peuvent dégager des gaz toxiques présentant des risques pour la santé, en plus d’une odeur pestilentielle. Leur collecte et leur stockage sont donc nécessaires, mais coûteux. « De plus, en Guadeloupe, 9 des 18 sites de stockage sont aujourd’hui saturés. D’où l’urgence de trouver une solution », explique Mélanie Cueff, ingénieure à l’ADEME. Plusieurs projets de valorisation, soutenus par l’ADEME, sont à l’étude. Parmi eux, le projet Terre d’algues, porté par le cabinet d’architecture In Situ, basé à Saint-Barthélemy. L’objectif : mêler sargasses et terre crue afin de fabriquer des blocs à fort pouvoir isolant. Ce nouvel écomatériau est ainsi conçu à base de matière première locale. 1 000 tonnes de sargasses pourraient permettre de fabriquer 10 millions de blocs. « Des tests de toxicité sont en cours. La première phase du projet devrait s’achever fin 2023 avec la réalisation d’un premier mur pilote. Il s’agira ensuite d’industrialiser le processus », précise Mélanie Cueff.

Qui ?

In Situ Architecture

Où ?

En Guadeloupe

Pourquoi ?

Pour valoriser les sargasses en proposant un écomatériau local

Quand ?

Industrialisation prévue en 2024

Partenaires ?

ADEME, In Situ Inc., Cerema, Nobatek et Tox’Sea’In