Dossier

Penser les projets hydrogène comme des écosystèmes

Fin 2021, l’Occitanie inaugurera HyPort, le premier « écosystème de mobilité H2 » du territoire français, ouvrant la voie à de nombreuses démarches similaires. Regards croisés entre Clément Delisle, directeur Développement, innovation et participations de l’Agence régionale énergie-climat (AREC) d’Occitanie et Céline Vachey, directrice régionale adjointe de l’ADEME Occitanie.


Quelques mots sur HyPort ?
Clément Delisle 

HyPort c’est à la fois une société – dont les deux actionnaires sont le groupe Engie et la Région Occitanie via l’AREC – et une initiative qui consiste à déployer des infrastructures de production et de mise à disposition d’hydrogène décarboné au sein des plateformes aéroportuaires du territoire occitan. La première réalisation verra le jour en novembre à l’aéroport de Toulouse-Blagnac avec l’ouverture de deux zones de distribution qui assureront la fourniture d’hydrogène décarboné au service de la mobilité (bus de transport des passagers entre l’aérogare et les avions et parkings éloignés, véhicules utilitaires légers, flottes captives, etc.) mais aussi d’applications aéronautiques et industrielles.

Céline Vachey 

Premier projet lauréat de l’appel à projets « Écosystèmes de mobilité H2 » porté par l’ADEME, HyPort est emblématique de la dynamique que nous voulons favoriser. La production, la distribution et les usages de l’hydrogène décarboné sont pensés dans leur ensemble et dans leur dimension territoriale. Ce que je retiens aussi de cette initiative, c’est son caractère reproductible. La SAS HyPort développe deux autres projets dans le même esprit écosystémique, l’un sur le site de l’aéroport de Tarbes et l’autre pour un dépôt de bus en métropole de Toulouse. De nombreuses démarches similaires devraient rapidement émerger, avec l’appui de la Région Occitanie qui a lancé depuis 2019 son plan Hydrogène Vert visant un déploiement à grande échelle.

 

Que faire pour accélérer la montée en puissance de l’hydrogène vert au service de la mobilité ?
C.V. 

L’idéal serait bien sûr une diffusion rapide de stations d’avitaillement de taille adaptée aux usages sur tout le territoire, même hors pôle urbain. Mais pour ce faire, il faudra sans doute se pencher en priorité sur la problématique du coût de revient de l’hydrogène par une massification de la production et par l’élaboration de solutions qui permettent de transporter l’hydrogène à faible coût économique comme environnemental. Je pense aussi qu’il est important d’étudier les synergies avec les autres carburants alternatifs en fonction des usages et d’accompagner l’offre de véhicules abordables.

C.D. 

L’hydrogène vert représente une véritable opportunité d’autonomie énergétique pour les territoires français, et on constate que de nombreuses Régions s’en emparent. De même, de grands acteurs économiques semblent désormais convaincus qu’il y a là un relais de croissance non négligeable. Ce sont des signaux très encourageants. Mais pour que les espoirs que la France place en l’hydrogène se concrétisent, il est indispensable d’accroître et de structurer la demande et les usages, sachant que les investissements sont aujourd’hui massivement dirigés vers l’offre et la production. C’est un enjeu clé si l’on souhaite que l’hydrogène trouve réellement sa place dans le mix énergétique français et s’affranchisse des dispositifs de subvention.