Depuis janvier 2024, l’entreprise martiniquaise Nou Ka Viré propose un système de collecte et de réemploi des contenants en verre. Dans le cadre de sa stratégie en faveur de l’économie circulaire, l’ADEME, la Collectivité territoriale de Martinique et CITEO ont soutenu le projet via un appel à manifestation d’intérêt.
Partager
Encourager le développement d’une filière martiniquaise de collecte, lavage et redistribution des emballages en verre : voici l’ambition de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé en février 2025, par la Collectivité Territoriale de Martinique, CITEO et l’ADEME. Lauréat de cet appel, Nou Ka Viré a décroché un financement de 117 000 euros. Lancée en janvier 2024, cette jeune entreprise martiniquaise est spécialiste du réemploi des contenants en verre alimentaire.
82 % des Martiniquais se disent favorable au réemploi
En Martinique, à l’exception de quelques professionnels de la restauration, la quasi-totalité des contenants en verre vendus aux particuliers est importée, les contenants sont ensuite jetés après usage. Le faible tri accentue ce coût environnemental déjà lourd : selon une étude de l’ADEME, en Martinique, en 2024, 11 kg de verre par an et par habitant sont triés dans une borne, et 33,5 kg jetés dans la poubelle d’ordures ménagères.
Même trié, le verre n’est pas recyclé et réintégré dans le cycle de production, mais valorisé en sous-couche routière : « bien que ce matériau soit recyclable quasiment à l’infini, les gisements locaux ne sont pas suffisants pour rentabiliser une fonderie, qui serait de plus très énergivore, observe Julie Barthelemy, ingénieur entreprises à la Direction Régionale de l’ADEME en Martinique. Le réemploi des emballages en verre est donc la solution la plus pertinente pour notre territoire ». Selon Nou Ka Viré, cette approche consomme 79 % moins d’énergie, 51 % moins d’eau et émet 77 % moins de CO₂ que le recyclage. De plus, près de 82 % des Martiniquais seraient favorables à une solution de réemploi.
Pour accompagner cette transition, l’ADEME a ainsi, dès 2020, édité une feuille de route afin de favoriser le réemploi du verre sur le territoire et construire une stratégie commune avec les différents acteurs. Cette feuille de route a trouvé son premier test grandeur nature avec l’entreprise Nou Ka Viré.
Un circuit interne à l’île
Afin de faire du réemploi un réflexe simple, Nou Ka Viré a déployé des automates collecteurs à travers plusieurs grandes surfaces de l’île. Chaque contenant rapporté est échangé contre un bon d’achat. Tous les contenants ne sont cependant pas acceptés : seuls ceux issus de marques locales peuvent l’être, afin que le circuit de réemploi reste interne à l’île. « Ce choix s’explique par une logique économique et environnementale : renvoyer les contenants importés vers l’Hexagone engendrerait des coûts trop élevés et un impact carbone important » explique le gérant de l’entreprise. Rhum, miel, confitures, sauces… au total, pas moins de 470 contenants sont déjà acceptés par les bornes. Régulièrement, les automates sont vidés puis les contenants sont déposés au local de l’entreprise pour être nettoyés. Les étiquettes sont décollées, et l’intérieur comme l’extérieur sont stérilisés. Finalement, la bouteille ou le bocal est reconditionné puis mis à nouveau à la disposition des producteurs locaux.
« Une solution mutualisée avec l’ensemble des acteurs du territoire »
Aujourd’hui, Nou Ka Viré possède trois points de collecte, à Fort-de-France et au Lamentin. L’entreprise cherche à présent à fédérer les acteurs du territoire autour du réemploi, industriels, distributeurs comme consommateurs. « À ce jour, il s’agit d’une expérimentation, explique Julie Barthelemy. Le projet n’est pas développé à grande échelle et l’objectif est de co-construire une solution mutualisée avec l’ensemble des acteurs du territoire. » Cette démarche fait de la Martinique l’un des territoires ultramarins pionniers dans la mise en place d’une solution de réemploi du verre.