Le Centre Spatial Guyanais est lancé à pleine vitesse dans sa stratégie de décarbonation ! Le projet HYGUANE permettra de remplacer 15 à 30 % de l’hydrogène carboné nécessaire à la fusée Ariane 6 par de l’hydrogène renouvelable produit à partir d’une centrale photovoltaïque.
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Un centre spatial en plein verdissement
Le Centre Spatial Guyanais représente 15 % de la consommation d’électricité de la région. Pour diminuer son impact environnemental, le centre a enclenché plusieurs actions :
- la rénovation énergétique de ses bâtiments ;
- le développement d’une production photovoltaïque en autoconsommation ;
- la décarbonation de ses process de production de carburant spatial.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet HYGUANE pour l’hydrogène. Aujourd’hui, c’est un hydrogène carboné qui est produit sur place par Air Liquide Spatial Guyane afin d’alimenter les fusées Ariane. Demain, ce sera un hydrogène renouvelable.
Alimenter les fusées… mais pas que
Dans les tuyaux depuis 2020 mais officiellement lancé en 2023, le projet HYGUANE puise son énergie dans un champ photovoltaïque de 5MWc installé à proximité, qui alimentera un électrolyseur de 1,25 MW construit par Air Liquide. Une partie de la production sera liquéfiée pour le spatial (environ 60 tonnes par an), couvrant ainsi 1/8e des besoins en hydrogène d’Ariane 6 en année moyenne, tandis que l’autre sera comprimée pour des usages de mobilité terrestre lourde et stationnaire (environ 45 tonnes par an). Le reste (1 tonne par an) servira à alimenter un nouveau groupe de secours qui remplacera un groupe électrogène. HYGUANE est conçu pour accueillir un 2e électrolyseur afin de permettre au centre d’augmenter sa capacité et à horizon 2030 couvrir 40 % des besoins de Ariane 6 par de l’hydrogène renouvelable tout en massifiant la mobilité lourde territoriale.
La formation, nerf de la guerre
Le projet HYGUANE fait partie d’un plan plus large qui vise à bâtir une filière hydrogène en Guyane. Pour réussir ce pari, former les talents sur place et acquérir une solide technicité locale sont indispensables. C’est pourquoi l’ADEME partage systématiquement avec l’université de Guyane toutes les données de mesure de ses projets hydrogène sur le territoire, dont celles d’HYGUANE, afin que les étudiants développent les compétences attendues par les industriels.
L’union fait la force
HYGUANE bénéficie de l’expertise d’un tissu d’industriels manipulant l’hydrogène depuis des décennies. La Guyane est le premier territoire d’outre-mer en termes de développement de projets hydrogène. Le projet est porté par un consortium composé de deux agences spatiales (ESA et CNES), 4 entreprises (ALSG, SARA, MT-Aerospace et BEBLUE) et 3 universités (Université de Guyane, Université de Liège, Université Libre de Bruxelles). Son coût total ? 40,5 millions d’euros, dont 60 % sont financés par l’ESA et 25 % par l’ADEME. Après la mise en service, trois ans de suivi sont prévus pour s’assurer de la performance du projet. Affaire à suivre…