En juin 2025, la ferme de Grignon (Yvelines) a inauguré une unité de méthanisation permettant de transformer les effluents d’élevage en biogaz. Ce projet, subventionné par l’ADEME, permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au stockage du lisier, tout en offrant une nouvelle source de revenu pour l’exploitation.
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785 021 m³ : voici la quantité de biogaz que devrait produire chaque année l’unité de méthanisation de la Ferme expérimentale de Grignon (Yvelines). Envoyée dans le réseau de distribution de gaz exploité par GRDF, cette énergie permet de chauffer pas moins de 400 foyers, soit environ 1 200 personnes. À l’origine de ce projet, baptisé Grignon Bioénergie, se trouve l’école d’ingénieurs AgroParisTech. Expert des sciences du vivant et de l’environnement, l’établissement utilise déjà la ferme comme terrain d’expérimentation et d’enseignement pratique pour ses étudiants. « De 2014 à 2024, nous avions un premier prototype de méthanisation passive : il s’agissait simplement d’une couverture de fosse et le gaz produit était brûlé localement pour la fabrication de yaourts » explique Quentin Bulcke, directeur de la Ferme expérimentale de Grignon. Un premier succès, qui incite à passer à l’échelle supérieure : en 2022, avec un budget de 3,5 millions d’euros, l’école d’ingénieurs lance la construction d’une unité de méthanisation Grignon Bioénergie. Un projet qui permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au stockage des effluents d’élevage tout en ouvrant une voie de diversification de revenus avec la vente du biogaz au réseau. Avec cette unité de méthanisation, l’exploitation renforce son rôle de démonstrateur des transitions : économique, environnementale et sociale.
Produire du biogaz et du fertilisant
L’unité de méthanisation a été mise en service en avril 2024 et inaugurée officiellement en juin 2025. En amont de la chaîne se trouvent les quelques 200 vaches et 650 brebis de la ferme, qui produisent chaque jour plusieurs tonnes d’effluents, soit autant de matières premières valorisables. « Le concept est assez simple : tous les jours, nous ajoutons du fumier, de lisier, de l’ensilage et quelques déchets organiques dans une grande cuve de 2 800 m², appelée le mono-digesteur, reprend le directeur de la ferme. Le tout est maintenu à 42 degrés et brassé, afin de produire le biogaz. » Si ce dernier est envoyé dans le réseau GRDF, le résidu de la méthanisation, appelé digestat, est quand à lui récupéré pour être épandu sur les sols comme fertilisant.
907 000 euros de subvention versée par l’ADEME
Grignon Bioénergie a obtenu une subvention de 907 000 euros accordée par l’ADEME, pour le compte de l’Etat. En parallèle, la région Île-de-France a soutenu le projet à hauteur de 200 000 euros. « Ce projet est intéressant pour plusieurs raisons, explique Garance Petit, chargée de mission Chaleur Renouvelable pour l’ADEME Île-de-France. D’abord car les intrants sont ici à 85 % des effluents d’élevage, qui sont des déchets inévitables. » Les unités de méthanisation peuvent en effet parfois fonctionner grâce à des résidus de cultures agricoles, de biodéchets de collectivités, ou de cultures dites « intermédiaires à valorisation énergétique », c’est-à-dire des plantations récoltées entre deux cultures principales. « Ensuite, il semble important de noter la logique de circuit court de ce projet : les intrants viennent de la ferme ou de partenaires situés à moins de 10 km et le digestat est utilisé sur place, reprend Garance Petit. Finalement le caractère pédagogique de ce lieu fait de l’unité de méthanisation un outil d’enseignement grandeur nature. » En effet, 2 000 étudiants et apprenants d’AgroParisTech se rendront au moins une fois sur le site du méthaniseur pendant leur cursus, afin de comprendre le fonctionnement technique et économique d’une telle unité. En parallèle, quelque 5 000 écoliers, collégiens et lycéens visitent la ferme chaque année et découvrent les bases de la méthanisation.
« Le projet tient ses promesses »
D’après les prévisions, l’unité de méthanisation de Grignon devrait produire 4 GWh d’énergie et permettre d’éviter l’émission de 1 694 tonnes de CO₂ équivalent. Si les chiffres définitifs de la première année n’ont pas encore été communiqués, « le projet tient ses promesses et atteint l’objectif de production » assure Quentin Bulcke.
Après un léger essoufflement des projets de méthanisation à partir de 2021, dû à la baisse du tarif de rachat subventionné, la tendance repart aujourd’hui à la hausse.