Après deux expérimentations réussies auprès d’entreprises de Seine Normandie Agglomération, la Manufacture des Capucins souhaite essaimer la démarche ACT Pas à Pas de l’ADEME sur l’ensemble de la Vallée de la Seine. Objectif : transmettre aux territoires normands et franciliens un retour d’expérience ainsi qu’une méthodologie concrète et adaptable, pour aider les entreprises à s’engager localement dans la décarbonation de leurs activités.
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Accompagner 120 entreprises en deux ans
Construire la stratégie de décarbonation de son entreprise : voici l’objectif du parcours ACT Pas à Pas, développé par l’ADEME en 2021. Alors que plusieurs centaines d’entreprises se sont déjà lancées, souvent accompagnées par un consultant, la Manufacture des Capucins, coopérative d’intérêt collectif publique/privée, propose une version collective de la démarche au sein de la Communauté d’agglomération Seine Normandie Agglomération. Forte de son expérience, la coopérative a lancé le programme ACT en Seine, qui vise à essaimer le modèle auprès d’une dizaine d’écosystèmes locaux de la Vallée de la Seine. Au total 120 entreprises seront ainsi accompagnées sur les deux prochaines années. « Très concrètement, chaque entreprise est suivie individuellement par des consultants certifiés ainsi que par un des 10 coordinateurs locaux qui viendront à leur rencontre tous les mois, explique Florentin Lemercier, chargé du projet Act en Seine. Parallèlement, des temps inter-entreprises sont organisés tous les trimestres. » Pour ce projet, la Manufacture des Capucins a été lauréate de l’appel à manifestation d’intérêt « Transition écologique et valorisation économique » du CPIER (Contrat de Plan Interrégional État-Région) Vallée de Seine.
« L’engouement collectif est très inspirant »
En abordant la question de la décarbonation collectivement, la Manufacture des Capucins stimule la coopération entre pairs et cultive les savoirs partagés. La Métropole de Rouen s’est déjà engagée à accompagner le dispositif Act en Seine en mobilisant les entreprises de son territoire : « Nous avons été convaincus par cette proposition car elle propose aux entreprises une méthodologie, un chemin structuré et pédagogique afin de décarboner sa chaîne de production, observe Abdelkrim Marchani, vice-président de la Métropole. Elle permet aux entreprises de ne pas être seules dans la démarche : elles peuvent partager leurs succès comme leurs échecs, voire mutualiser certaines ressources. » En effet, les externalités des uns peuvent être des intrants positifs pour les autres, comme dans le cadre de la récupération de chaleur fatale d’un industriel pour le chauffage d’un bâtiment, par exemple.
Un modèle déjà mis à l’épreuve
Cette dynamique collective a déjà fait ses preuves lors des précédentes éditions des Appels à Projet ACT collectif, menées par la Manufacture. La société euroise ACO France, spécialiste du traitement des eaux usées et pluviales y avait participé : « L’engouement collectif est très inspirant, note François Desebbe, directeur général de l’entreprise. Nous pouvons échanger des idées, nous comparer, même si nos secteurs d’activités sont différents. » Un point de vue que partage Emmanuelle Planet, directrice déléguée du groupe Candor, offrant des services de nettoyage et de propreté et qui a également mené une démarche ACT : « Les temps collectifs permettent de se rendre compte que l’on a des sujets en commun quelle que soit l’activité. » De plus, cette dynamique collective permet de pallier d’éventuels abandons : « Au-delà du cadre apporté, l’énergie de groupe permet d’entretenir la dynamique tout au long du parcours, c’est une source de motivation, » reprend François Desebbe. Selon les entreprises, les résultats sont plus ou moins concrets : la plupart ont utilisé la démarche pour faire leur bilan carbone et structurer leur stratégie de décarbonation, comme la fabrication de plastique Demgy. L’usine du producteur de systèmes de canalisations en thermoplastiques Dyka à Gaillon est même allée plus loin avec la création d’un nouveau produit, plus respectueux de l’environnement.
Passer à l’échelle supérieure
Avec le projet Act en Seine, la Manufacture des Capucins mobilise des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) de la Vallée de la Seine. Plusieurs ont déjà été identifiés comme la Communauté d’Agglomération Saint Germain Boucles de Seine et Grand Paris Seine et Oise. « Grâce à leur engagement politique et leur connaissance du terrain, ces collectivités locales contribueront à repérer les entreprises concernées et à mobiliser les coordinateurs locaux. » remarque Florentin Lemercier. La coopérative, de son côté, s’engage à accompagner les territoires dans la mise en place des projets. Elle partage son retour d’expérience sur des aspects tels que la mobilisation des entreprises, la formalisation des conventions, l’estimation du temps de travail ou encore l’évaluation de la réussite de la démarche. Cet apport avant tout méthodologique devrait faciliter la prise en main du parcours ACT Pas à Pas. La fin de l’année 2024 et le premier semestre 2025 ont été consacrés à la prospection des territoires et la formation des acteurs territoriaux. L’accompagnement durera 24 mois et mènera à une restitution publique afin d’inspirer d’autres organisations à se mobiliser. Outre l’enjeu de concevoir des stratégies de décarbonation dans les territoires, ACT en Seine va permettre de former des acteurs territoriaux capables de répliquer ensuite cette démarche pour d’autres projets ou entreprises.