Lors d’une opération de maintenance obligatoire, l’usine O-I France de Vayres (Gironde) a saisi l’opportunité d’intégrer deux innovations technologiques dans l’un de ses fours verriers. Résultat : une économie annuelle de plus de 5 000 tonnes équivalent de CO₂ et un pas de plus vers la décarbonation de la filière verre.
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Chaque année en France, fabriquer du verre émet 2,8 mégatonnes équivalent de CO₂. Bien que moins émettrice que la production d’acier (15 mégatonnes équivalent de CO₂) ou la cimenterie (10 mégatonnes équivalent de CO₂), l’industrie de la verrerie reste très énergivore, notamment à cause des fours fonctionnant au gaz naturel dont les températures grimpent jusqu’à 1 500 °C. À l’occasion de la maintenance de l’un de ses fours verriers, – une opération qui doit être réalisée tous les 10 à 15 ans – l’usine O-I France de Vayres (Gironde) en a profité pour adopter une technologie plus performante et plus respectueuse de l’environnement, en lien avec ses objectifs de transition énergétique. « Nous avons intégré deux choses : l’installation d’un four à oxycombustion, combiné à un récupérateur de chaleur, » explique Thibaut Guichard, responsable support technique chez O-I France. Très concrètement, cela signifie que contrairement à un four classique, fonctionnant avec un mélange de gaz naturel et d’air, le Groupe a fait le choix d’un système gaz naturel / oxygène pur, qui permet d’une part de réduire la quantité d’azote dans le mélange, donc de gaz polluants (NOx), et d’autre part d’obtenir une flamme plus précise, renforçant l’efficacité thermique. En parallèle, le four récupère sa propre chaleur fatale, qui est ensuite utilisée pour préchauffer le calcin, principal ingrédient du mélange à fondre. Ce circuit fermé de chaleur permet de limiter la quantité de gaz consommée.
5 018 tonnes de CO₂ évitées par an
Après plusieurs mois d’arrêt liés à la rénovation obligatoire du four et à l’installation du système de récupération de chaleur pour préchauffer le calcin, le four a pu être remis en service en mars 2023. « Désormais, sans avoir remplacé totalement le four, nous évitons chaque année l’émission de 5 018 tonnes équivalent de CO₂, sur les quelque 75 000 tonnes émises par le site complet avant rénovation, » précise Thibaut Guichard. Le coût total de la rénovation s’élève à 50 millions d’euros. « Sur cette somme, environ 6 millions concernent les deux nouvelles briques d’efficacité énergétique. L’ADEME a soutenu cet investissement à hauteur de 1,6 million d’euros » ajoute Sean Coq, ingénieur coordinateur régional Décarbonation de l’Industrie pour l’ADEME en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.
Vers le 100 % électrique
Fort de son succès sur le site de Vayres, O-I France a depuis lancé deux autres projets de fours innovants. Le premier, situé à Gironcourt (Vosges), lancé en mars 2025, reprend le principe d’échangeur thermique mais va plus loin : il préchauffe à la fois le calcin et la matière première brute, ce qui permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25 % et d’améliorer l’efficacité énergétique de 15 %. Le second, destiné au site de Veauche (Loire) et prévu pour être mis en service en 2026, fonctionnera au gaz et à l’électricité. « Il sera possible d’ajuster la part du mix énergétique entre 30 et 70 % en fonction des besoins, » reprend le responsable support technique. Des fours verriers 100 % électriques existent déjà sur le marché, mais sont souvent très chers et nécessitent l’installation d’un raccordement électrique puissant dont les délais de réalisation se comptent en années. De plus, « ces fours électriques ne permettent pas toujours d’utiliser des verres recyclés, note Sean Coq. Technologiquement, il reste encore des défis à relever dans les années à venir pour accompagner la décarbonation de l’industrie verrière. »