Fournisseur de solutions pour le bâtiment, l’entreprise Soprema a mis au point des panneaux isolants à base de paille de riz. Elle s’apprête aujourd’hui à construire une usine pour les fabriquer en Camargue, au plus près de la source de ce déchet agricole.
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Riche en silice, la paille de riz met des années à se décomposer, se digère mal par les animaux et n’a pas de grande valeur énergétique. Impossible de la valoriser en agriculture ou dans une centrale thermique. C’est pourquoi les producteurs la brûlent sur champs (une dérogation préfectorale le permet), mais cela émet de nombreuses particules fines. Pour pallier cela, Soprema a donc imaginé transformer ce déchet en panneaux isolants semi-rigides. Il y a un marché : la transition écologique ne pourra pas se faire sans multiplier les chantiers de rénovation thermique des bâtiments.
Économie circulaire territoriale
« La densité de la paille de riz lui donne un avantage pour le confort d’été, en plus de ses performances hivernales, explique Laurent Bedel, directeur R&D Isolation chez Soprema. Elle répond parfaitement au marché méditerranéen que nous visons avec ce produit. » L’entreprise prévoit en effet d’implanter son usine en Camargue, là où se trouvent les rizières françaises, donc la matière première. Des emplois seront créés et les riziculteurs locaux bénéficieront d’un complément de revenus, tandis que les entrepreneurs du sud de la France pourront mettre en avant le caractère biosourcé et local des isolants qu’ils utilisent sur leurs chantiers.
Aujourd’hui, « nous sommes à la phase de déploiement de notre projet, baptisé Riflex, poursuit Laurent Bedel. Grâce à l’aide apportée par l’ADEME dans le cadre du programme France 2030, nous avons déjà identifié le procédé de production et vérifié à l’échelle pilote les performances potentielles de nos futurs panneaux. Reste à valider la viabilité économique de la chaîne de valeur, avant de décider de passer à la construction d’une usine dédiée. » Seul bémol sur le long terme : la culture du riz est menacée par le changement climatique. C’est pourquoi Soprema se prépare aussi à l’après, en investiguant d’autres pailles régionales sous-exploitées.
de paille de riz par an pourraient être ainsi valorisées.