Le secteur du bâtiment et de la construction représente plus de 1/5e des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Un impact qui va s’accroître selon l’ONU avec un doublement des surfaces construites d’ici 2060 sur le globe. Il devient donc urgent de revoir nos façons de construire et de s’engager ensemble sur la voie de la décarbonation.
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En 2015, lors de la COP21, la mise en place de l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (GlobalABC) fut le premier événement marquant dans la prise de conscience de l’impact du secteur du bâtiment sur le climat. La GlobalABC est la principale plateforme mondiale pour tous les acteurs du bâtiment engagés pour la transition du secteur. Elle fixe les objectifs, accompagne les pays membres dans la définition de leurs priorités et soutient le secteur privé dans sa décarbonation. Depuis 9 ans, ce réseau s’est renforcé, mais aucun événement d’envergure ne témoignait de cette action collective. C’est pourquoi, en mars 2024, a eu lieu à Paris la première édition du Forum mondial Bâtiments et Climat, organisée avec le Programme des Nations unies pour l’environnement.
Une participation à la hauteur des enjeux du secteur
« Pour ce premier Global Forum, nous avons réuni 50 délégations gouvernementales et 1 500 participants », explique Yves-Laurent Sapoval, délégué ministériel pour la ville durable à l’international et membre organisateur de l’événement. « Cette participation était inespérée compte tenu d’un temps d’organisation très court. Nous avons bénéficié du travail de fond de la GlobalABC et de l’élan du Buildings Breakthrough (voir encadré) lancé à la COP28, dont la France et le Maroc sont leaders. » À noter que des pays de tous les continents étaient représentés. Le forum a ainsi atteint son ambition de globalité.
Le Buildings Breakthrough
C’est une initiative lancée à la COP28 avec 28 pays et 19 organisations internationales. Son objectif est de viser la neutralité carbone et la résilience pour le secteur du bâtiment d’ici 2030.
25 ateliers réunissant chacun près d’une centaine de personnes l’ont rythmé, sur des thématiques diverses et complémentaires : action des banques de développement, décarbonation des matériaux de construction, gestion énergétique, rénovation et préservation du patrimoine, financement du logement abordable et durable, etc. Sur chacun de ces sujets, les participants ont proposé des solutions concrètes et pris des engagements avec une vision commune de coopération, en tenant compte des spécificités de chaque État. Ils sont consignés dans la Déclaration de Chaillot.
C’est la première fois qu’un tel panel international de décideurs et de professionnels de la construction s’accorde au niveau mondial sur un avenir durable de la filière.
L’engagement fort de 70 pays signataires
La Déclaration de Chaillot, bien que non contraignante pour les États, formalise les engagements communs des gouvernements. Ils s’accordent notamment pour construire des feuilles de route précises, installer des objectifs contraignants et un cadre financier nécessaire à la transition du secteur et à l’augmentation de la part de bâtiments résilients et décarbonés. Ils s’engagent par ailleurs pour la promotion de labels et de standards pour le développement de solutions innovantes (sur les matériaux notamment), pour l’élaboration de stratégies d’atténuation fondées sur les savoir-faire locaux et la montée en puissance de nouvelles compétences. Pour Yves-Laurent Sapoval, « ce travail mené conjointement avec le Programme des Nations unies pour l’environnement a permis une mobilisation inédite sur l’ensemble des thématiques abordées et sur toute la chaîne de valeur ».
En chiffres
gouvernementales
signataires de la Déclaration de Chaillot
Un Global Forum aux conséquences majeures
Si le sujet est porté par la GlobalABC depuis la COP21, qu’apporte alors le Global Forum ? Pour Yves-Laurent Sapoval, la valeur ajoutée de l’événement est d’avoir porté à très haut niveau – ministres, organisations internationales et professionnels – le lien entre le bâtiment et le changement climatique. Jusqu’alors, ce sujet était considéré pour beaucoup comme trop complexe et intriqué pour lancer une stratégie d’action commune. Or il y a urgence à agir, « le bâtiment est très émetteur de gaz à effet de serre et largement exposé aux conséquences du changement climatique. La coopération est indispensable, aussi car c’est un poids lourd économique : il représente 13 % du PIB mondial » !
« C’est donc très encourageant quand un tel panel de décideurs s’accorde sur des orientations et une feuille de route communes en matière d’adaptation et d’atténuation » (mise en oeuvre de cadres réglementaires et de codes de la construction et de l’énergie contraignants, promotion de l’utilisation de matériaux de construction faibles en carbone et à coûts limités). Je constate aussi que certaines préconisations visent à l’atténuation passive – le fait de ne pas construire coûte que coûte mais d’adapter et de rénover les bâtiments existants. C’est un pas énorme franchi, car complémentaire des solutions techniques. » Pour toutes ces raisons, le Global Forum trace un avenir plus durable pour la filière.