Face aux objectifs énergétiques ambitieux concernant le bois énergie inscrits dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), et afin d’accompagner le développement d’une filière forêt-bois durable, l’ADEME soutient des projets et travaille avec les organismes de recherche, les acteurs de la filière et des associations environnementales dans l’objectif de créer une expertise collective et partagée.
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L’ADEME soutient et anime la communauté scientifique et les acteurs de la filière forêt-bois depuis de nombreuses années sur la thématique des impacts des pratiques sylvicoles sur les sols, leurs fonctionnements et services. Ces travaux se sont enrichis, au fur et à mesure, de nouveaux pans de connaissances. Deux APR se sont succédé, l’APR REACCTIF puis l’APR GRAINE. En parallèle, l’ADEME participe au financement du programme RMQS (Réseau de Mesures de la Qualité des Sols) qui intègre des échantillons en forêt et contribue à la surveillance de l’état des sols sur un temps long. Les travaux de recherche se traduisent dans des guides opérationnels coconstruits avec l’ensemble des parties prenantes.
Fournir aux acteurs des guides opérationnels pour assurer la durabilité des récoltes de bois énergie
Développé par l’agence entre 2011 et 2016, REACCTIF a permis l’accompagnement de travaux visant à évaluer et optimiser les stratégies d’atténuation du changement climatique impliquant le secteur forestier. Une mobilisation accrue de bois est alors envisagée pour développer la filière bois énergie et faire face aux enjeux de remplacement des énergies fossiles. Les questionnements de recherche portent alors sur les conditions nécessaires pour garantir la durabilité d’une hausse de la récolte de bois énergie impliquant en particulier une mobilisation des résidus d’exploitation forestière, couramment désignés par le terme de « rémanents » ou « menus bois », particulièrement riches en éléments nutritifs pour les sols.
Les projets de recherche soutenus permettent d’alimenter les guides opérationnels réalisés en partenariat et de créer une expertise collective partagée avec les organismes de recherche, les acteurs de la filière et des associations environnementales, que l’ADEME et ses partenaires diffusent pour accompagner les acteurs de la filière dans la mise en place de bonnes pratiques. Ainsi, l’ADEME et ses partenaires publient en 2020 le guide Récolte durable de bois pour la production de plaquettes forestières (enjeux et bonnes pratiques : focus sur la préservation des sols) intégrant les recommandations du guide GERBOISE et constituant une actualisation du guide ADEME publié en 2006, La récolte raisonnée des rémanents en forêt.
Intégrer l’impact carbone
En parallèle des recherches sur la fertilité des sols, en particulier chimique, le besoin de connaissances relatives à l’identification des effets de la gestion sylvicole et les récoltes accrues de bois sur le carbone organique du sol apparaît. Les sols forestiers sont en effet un grand réservoir de carbone, cependant, les dynamiques à l’oeuvre sont mal connues. L’APR REACCTIF poursuivait l’objectif d’accroître les connaissances sur les flux de gaz à effet de serre (GES) et les stocks de carbone des sols forestiers. À partir de 2016, cette thématique a été intégrée dans l’APR GRAINE. Différentes recherches ont entrepris d’évaluer la stabilité du carbone stocké dans les sols forestiers à travers la technique d’analyse thermique Rock-Eval, et initié des travaux sur la modélisation des dynamiques du carbone du sol en forêt.
Par ailleurs, les techniques de préparation du sol avant plantation ont été identifiées comme une des pratiques à potentiel impact sur le stockage de carbone dans les sols. Au-delà des projets de recherche, l’étude 4 pour 1000 France réalisée en 2019 par INRAE pour l’ADEME et le ministère en charge de l’Agriculture intègre une revue de la littérature scientifique sur les effets des pratiques sylvicoles sur le stockage de carbone dans les sols forestiers.
Prendre en compte l’ensemble des pratiques de gestion sylvicole et des dimensions de la fertilité des sols (physique, chimique et biologique)
Avec l’APR GRAINE, c’est progressivement l’ensemble des pratiques sylvicoles et leurs impacts qui vont être étudiées. Depuis des années, les acteurs de la filière forêt-bois travaillent pour limiter les risques de tassement des sols. L’ADEME soutient également des projets de recherche sur cette thématique. En effet, avec l’augmentation de la mécanisation des travaux sylvicoles, le risque de tassement est plus important, particulièrement en période humide. Des recherches sont lancées sur la praticabilité des cloisonnements (voies de circulation des machines sur une parcelle forestière) selon les conditions météo/typologie du sol.
D’autres impacts sont explorés. Ainsi, la question de la ressource en eau devient également un enjeu clé pour la résilience des forêts face aux impacts du changement climatique. C’est pourquoi l’ADEME intègre dans son questionnement le sujet des bilans hydriques, et également celui de la biodiversité. Les sols constituent en effet un réservoir de biodiversité inestimable. Des études récentes estiment que plus de 50 % des espèces vivantes sur terre résident dans le sol. Pour autant, la biodiversité des sols forestiers et l’impact des pratiques sylvicoles sur cette biodiversité restent méconnus.
Enfin, l’ADEME a participé au financement de l’expertise collective Coupes Rases et Renouvellement des peuplements Forestiers en contexte de changement climatique (2023) qui permet de qualifier les impacts des coupes rases sur la qualité des sols forestiers (érosion, carbone, fertilité chimique, biodiversité, disponibilité en eau, etc.).
L’ADEME accompagne également ses partenaires de la filière forêt-bois à la diffusion des connaissances sur les sols et des bonnes pratiques à travers des formations développées dans le projet IPRSol visant à former des référents « indicateurs de la qualité des sols forestiers », pour prévenir et réduire les risques de dégradation.