Soutenue à l’Institut Polytechnique de Paris, la thèse d’Aurélien Bigo s’est intéressé aux raisons de la hausse historique des émissions du transport de marchandises des dernières décennies. Autant de leviers sur lesquels miser pour sortir ce secteur des énergies fossiles.
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La thèse questionne la manière dont on peut atteindre les objectifs climatiques dans les transports en France, d’ici 2050. À cet horizon, la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) vise une sortie quasiment totale du pétrole, en misant sur cinq leviers : la modération de la demande de transport, le report modal, un meilleur remplissage des véhicules, l’efficacité énergétique et la décarbonation de l’énergie. La thèse étudie l’évolution de ces leviers depuis 1960 et montre que c’est essentiellement la hausse de la demande de transport qui a expliqué la hausse historique des émissions pour le transport de marchandises. Dans le même temps, le report modal vers le routier a également eu un fort impact à la hausse sur les émissions, cet effet étant tout juste compensé par une meilleure efficacité de ce transport routier. À l’avenir, de fortes évolutions technologiques et de sobriété seront indispensables pour atteindre la neutralité, nécessitant des ruptures par rapport aux trajectoires actuelles et la sollicitation ambitieuse des cinq leviers de décarbonation.
J’ai essayé de communiquer sur les résultats de la thèse auprès des acteurs de la recherche, du domaine des transports, des décideurs publics ou encore du grand public. Ce n’est pas forcément aisé et cela demande de combiner différents supports pour toucher différents publics aux connaissances variées : articles, conférences, publications sur les réseaux sociaux ou encore médias. J’essaie désormais de remettre à jour certains éléments de la thèse, en particulier l’analyse des émissions passées avec les évolutions les plus récentes, ainsi que la comparaison des scénarios de prospective avec les publications les plus récentes et le scénario préparé par l’État pour la révision de la SNBC.
J’ai eu la chance de travailler sur le volet transport des scénarios Transition(s) 2050 de l’ADEME à la suite de ma thèse. Ce qui m’a semblé inédit dans cet exercice concerne la diversité des scénarios et des récits de transition associés, mais aussi la possibilité d’analyser les conditions de réalisation et les implications de ces scénarios, dans leurs composantes environnementales, sociales ou économiques. Enfin, cela permet de faire apparaître les points de tension et les choix déterminants de la transition, notamment sur la place de la sobriété et de la technologie, les choix possibles de motorisations ou encore les évolutions économiques et d’aménagement qui influencent le transport de marchandises.