Cette étude, initiée en novembre 2020 et en cours d’achèvement, est de grande ampleur tant par sa durée que par sa méthodologie rigoureuse.
Partager
Comme l’explique Erwann Fangeat, coordinateur du pôle Numérique et Durabilité à l’ADEME, cette étude se distingue par ses trois phases successives. La première phase préparatoire vise à réaliser une étude bibliographique recensant toutes les méthodologies, référentiels et bases de données existants d’évaluation des impacts environnementaux du numérique. La seconde porte sur l’analyse environnementale multicritère des impacts des services numériques en France à l’aide de la méthode ACV (Analyse du cycle de vie, intégrant les impacts de la fabrication, distribution, utilisation et fin de vie des équipements). Plus précisément, c’est l’approche de l’ACV attributionnelle qui a été retenue.Une approche multicritère (11 autres indicateurs environnementaux ont ainsi été évalués, en plus des émissions de GES), et ce sur trois « briques » d’analyse : les équipements (smartphones, télévisions, ordinateurs, etc. ; les data centers (centres de données) et les réseaux. Enfin, la troisième phase réside sur une analyse prospective à horizon 2030 et 2050 et selon les 4 scénarios déjà élaborés par l’ADEME. Le périmètre de l’étude est le territoire français. Par ailleurs, cette étude ACV a fait l’objet d’une revue critique conformément aux normes en vigueur.
Ce travail a pu bénéficier de précédents travaux, permettant ainsi une agrégation et une consolidation de différentes données. Ainsi, sur la partie équipement, l’étude a pu utiliser le référentiel précédemment développé par le consortium NegaOctet à travers le projet de développement d’une méthodologie ACV pour les services numériques (lauréat de l’appel à projets PERFECTO). Ce projet a ainsi permis de créer des bases de données d’Inventaire du cycle de vie (ICV) pour la quasi-totalité des équipements numériques. Certaines de ces données sont disponibles dans la Base IMPACTS® de l’ADEME, base amenée a être largement enrichie de nouvelles données d’ICV dans le cadre de l’axe 2 du programme CEE sur la sobriété numérique. De même, la partie Réseau a pu s’appuyer sur les résultats des travaux en cours de réalisation sur le référentiel mis en place par l’ADEME en collaboration avec les fournisseurs d’accès à Internet. Afin d’informer les consommateurs sur la quantité de données consommées et leur impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre (obligation introduite par l’article 13 de la loi AGEC).
Si cette étude est très poussée scientifiquement et repose sur le suivi de normes ACV (norme ISO 14040 et 14044 ainsi que la norme ITU 1450), ses principales limites concernent la disponibilité des données. Si la partie de l’étude analysant les impacts environnementaux des équipements est particulièrement riche, c’est qu’elle a pu bénéficier comme nous l’avons expliqué de résultats de recherche précédemment acquis, ce qui est moins le cas pour les parties relatives aux réseaux ou aux data centers. De même, le périmètre français exclut les données françaises hébergées dans des data centers non français. En revanche, les données étrangères transitant par des data centers français ont bien, elles, été prises en compte.