L’édito de Philippe Moati, cofondateur de l’Obsoco, professeur d’économie à l’Université Paris Cité.
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Les Français sont désormais conscients de la gravité de la situation écologique, de son lien avec leurs modes de vie, et de la nécessité d’engager une transformation profonde de notre modèle de société.
Et pourtant… le retour de l’inflation a remis le pouvoir d’achat en tête de leurs préoccupations. Nous nous trouvons donc confrontés à une contradiction majeure. L’équilibre macroéconomique (et, avec lui, celui des finances publiques et des comptes sociaux) appelle la croissance de la consommation. À l’échelle individuelle, celle-ci demeure souvent un facteur d’intégration sociale, un ingrédient de la construction de soi, une voie d’accès au bien-être… Un changement culturel est bien en cours.
Mais transformer l’essai impose des mutations plus profondes : du côté des individus, la recherche de l’épanouissement hors de la consommation ; du côté des entreprises, l’exploration de modèles d’affaires découplant la prospérité des quantités vendues. Et, à l’intersection des deux, une réflexion sur l’usage à faire des gains de productivité que la robotisation et l’intelligence artificielle vont apporter dans l’avenir. Alors que la crise sanitaire a été pour beaucoup l’occasion de réfléchir à ses priorités, il pourrait être opportun de consacrer ces gains, non pas à produire et à consommer plus, mais à des activités bénéfiques telles que : temps passé avec ses proches, pratique de loisirs actifs, engagement citoyen…