Dossier

Zoom sur les biosourcés

Piliers de la bioéconomie, les produits biosourcés figurent en bonne place dans l’éventail des solutions de décarbonation de notre société, mais qui sont-ils réellement ? Portrait de famille.


Le terme « produits biosourcés » désigne des produits partiellement ou entièrement issus de biomasse. « Du fait de cette définition large, l’éventail des biosourcés est très vaste, indique Grégoire David, ingénieur au service Forêt, alimentation et bio-économie à l’ADEME. La biomasse utilisée peut provenir de différentes sources : bois, produits agricoles, ressources halieutiques, résidus et coproduits, animaux… Solides, liquides ou gazeux, on les utilise dans de très nombreux domaines qui vont du bâtiment aux transports en passant par la chimie, la cosmétique, le secteur des emballages et même dans l’agriculture, où ils peuvent remplacer, par exemple, des pesticides conventionnels. »

Parce qu’elle est récente, cette appellation suscite encore quelques malentendus. D’abord sur la teneur en biomasse, qui ne représente parfois qu’une part minime des compositions. « Il y a là un enjeu de transparence pour l’avenir, souligne Grégoire David. D’autres confusions sont liées au préfixe bio, ajoute-t-il. Il peut porter à croire que tous les produits biosourcés sont issus de l’agriculture biologique ou qu’ils sont biodégradables. Or c’est loin d’être le cas. » Mais ces malentendus « de jeunesse » n’entament pas la plus-value considérable que les biosourcés peuvent apporter à la transition. Et ce à différentes échelles : stockage du carbone atmosphérique dans la construction, réduction des consommations de carburant des automobiles – par l’utilisation de composites plus légers que les matériaux traditionnels – substitution de matières premières non renouvelables, diminution de la toxicité humaine et environnementale comme pour les colles et les tensio-actifs, biodégradabilité de certains plastiques ou même des crèmes solaires…

Un atout pour le bâtiment, le transport et la chimie

Mobilisée sur l’accompagnement de la filière des biosourcés depuis plus de vingt-cinq ans, l’ADEME concentre aujourd’hui ses moyens d’action sur les secteurs économiques les plus impactants pour le climat, à commencer par le bâtiment, le transport et la chimie. Elle soutient aussi la valorisation des biomasses d’origine nationale, sachant que la France dispose en la matière de potentiels considérables. « Un autre axe majeur de travail porte sur l’évaluation de l’intérêt environnemental des produits biosourcés en s’intéressant à leur analyse de cycle de vie (ACV), poursuit Grégoire David. Nous nous efforçons également de les promouvoir auprès des acheteurs privés et publics et de nos concitoyens. Un guide dédié aux premiers a ainsi été édité et, cette année, les visiteurs du Salon de l’agriculture pourront tester leurs connaissances à travers un quiz que nous avons conçu pour eux. »

Ces derniers mois ont par ailleurs été marqués par le lancement de trois appels à projets consacrés aux biosourcés relevant du Programme d’investissements d’avenir 4. Ils concernent respectivement le bois et les matériaux constructifs, les carburants aéronautiques durables, et la transformation de la biomasse. « Ces deux derniers dispositifs sont déployés dans le cadre de la stratégie nationale d’accélération “Produits biosourcés et biotechnologies industrielles – Carburants durables”, qui a été lancée par le gouvernement en toute fin d’année. Dotée d’un budget de 420 millions d’euros, cette stratégie est un signal fort pour l’ensemble de la bioéconomie », conclut Grégoire David.