Emmaüs Connect lutte contre l’exclusion numérique. Avec des partenaires, elle a ainsi créé une filière de collecte, réparation et reconditionnement de matériels informatiques, qu’elle redistribue à prix solidaires aux ménages les plus précaires.
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Postuler à une offre d’emploi, suivre la scolarité des enfants, prendre rendez-vous chez le médecin… : aujourd’hui, impossible d’accéder à ces services sans Internet. Or, selon le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), 16 millions de Français en sont éloignés, dont 8 millions faute d’avoir les moyens de s’équiper. Cette fracture numérique a été révélée au grand jour par la pandémie de Covid, quand le télétravail et l’école à la maison se sont imposés dans tous les foyers. C’est à ce moment-là qu’Emmaüs Connect, qui lutte contre l’illectronisme, a décidé de fédérer des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS). Cela représente une trentaine de reconditionneurs solidaires spécialisés dans la collecte, le transport et le reconditionnement des appareils (Ateliers Sans Frontières, Ateliers du Bocage…) ainsi que des structures d’aide sociale pour créer sa filière de réemploi (centres sociaux, missions locales, maisons pour tous…), réparties dans les 7 régions. En quatre ans, Emmaüs Connect a réussi à capter plus de 90 000 ordinateurs, tablettes et smartphones auprès d’entreprises, et à en distribuer 40 000 à des ménages en difficulté. Mais cela ne suffit pas.
Changement d’échelle
Dans le cadre de sa feuille de route pour l’inclusion numérique, l’État vise 2 millions d’ordinateurs mis à la disposition des plus précaires d’ici à 2027. « Cela ne sera possible qu’à deux conditions : que davantage de structures rejoignent le réseau, et qu’elles aient accès à des innovations pour collecter, reconditionner et distribuer plus et mieux », indique Camille Bardou, cheffe de projet chez Emmaüs Connect. C’est ce que doit générer l’aide accordée cet été par l’ADEME dans le cadre de l’appel à projets France 2030 ECONUM, pour soutenir une économie numérique responsable.
Parmi les innovations programmées, plusieurs visent à améliorer l’interconnexion entre les différents partenaires de la filière : traçabilité des appareils, accès à des pièces détachées… Des bornes de collecte effaçant le contenu des appareils dès leur dépôt vont aussi être testées pour convaincre les particuliers les plus réticents au don. Tous les outils créés seront des communs, c’est-à-dire des ressources partagées, librement accessibles et réutilisables, conçues pour être utilisées, adaptées et enrichies par l’ensemble des acteurs de l’économie sociale et solidaire réunis autour du projet.
