Portrait

“ Le rétrofit ne doit pas être réservé à quelques privilégiés ”

Arnaud Pigounides est coprésident de l’association AIRe (Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique). Il découvre le rétrofit aux États-Unis. Cette technique permet de remplacer le moteur thermique d’un véhicule par une motorisation électrique. De retour en France, il mobilise toutes les énergies pour en faire une nouvelle filière automobile, plus respectueuse de l’environnement.


Arnaud Pigounides aime le marketing, la communication, la création et le lobbying. Il étudie à Toulouse puis à New York. Là, il crée, à 21 ans, sa première entreprise de marketing direct avant d’enchaîner sur d’autres activités, toujours dans la communication « mais sans aucun rapport avec la voiture », se souvient-il.

Passer du thermique à l’électrique

Sa découverte du rétrofit est une histoire de hasard. Hasard de ses vacances qui le mènent à Los Angeles où il s’achète une Triumph Spitfire et se lance dans un tour des États-Unis. S’il aime conduire des voitures anciennes, « très stylées », il apprécie moins de tomber constamment en panne et de devoir changer des pièces coûteuses. Non loin de Los Angeles, des garages transforment des voitures thermiques en voitures électriques pour de riches clients qui payent cher le plaisir – et l’originalité ! – de rouler en Porsche ou en combi Volkswagen électrique. ­Arnaud en a l’intuition : « Cet artisanat de luxe ne doit pas être réservé à quelques privilégiés mais peut devenir une chance formidable pour sauver la planète avec style ! »

Faire bouger les lignes

Quand, en 2017, il rentre en France, il tient son nouveau projet : développer le rétrofit. « Mon objectif était de créer une association, de faire des propositions et de poser un cadre réglementaire avec des partenaires institutionnels. » D’emblée, il se heurte à un problème de taille : contrairement à l’Italie et l’Allemagne qui se lancent – prudemment – dans le rétrofit, la législation française impose l’accord du constructeur pour « décarboner » une voiture. Un accord très rarement donné. Avec les quatre membres de la toute jeune association AIRe (Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique), dont l’ancien patron de la filière électrique de PSA, Arnaud multiplie les contacts, convainc Élisabeth Borne, alors ministre des Transports, et parvient à faire bouger la ligne réglementaire. En mars 2020, un arrêté autorise la transformation des véhicules thermiques en véhicules électriques.

« Citoyen militant »

Si l’aventure en est encore au stade de la finalisation commerciale et du prototype, les acteurs sont nombreux à soutenir la démarche. Parmi eux, l’ADEME vient de réaliser une étude sur les bénéfices réels du rétrofit et multiplie les appels à projets autour de la mobilité durable. « Tout est en train de se structurer et l’ADEME joue vraiment le jeu », reconnaît Arnaud. Ses prochaines batailles : faire du rétrofit une priorité politique et harmoniser la réglementation européenne dans le domaine. Le « communicant » se double désormais d’un « citoyen militant », à l’origine d’une nouvelle filière automobile et bien décidé à contribuer à la baisse des émissions de gaz à effet de serre. « Je suis un homme heureux… et un peu inquiet quand même. Ce n’est pas simple de se lancer et d’innover en ces temps incertains de pandémie ! ».

Bio

2015

Découvre le rétrofit aux États-Unis.

2018

Crée l’association AIRe.

2020

Parution de l’arrêté encadrant l’industrie du rétrofit électrique.