Dossier

À chaque solution, ses limites

Il n’y a pas de solution universelle au rafraîchissement urbain, applicable à tous les contextes. Pour éviter les dépenses inutiles, il est donc indispensable de se poser les bonnes questions.
Le point avec Élodie Briche, coordinatrice R&D Urbanisme durable au Pôle aménagement des villes et des territoires (PAVT) de l’ADEME et Sonia Turmel, responsable du secteur Travaux de voirie
à la métropole de Lyon.


Pourquoi ne pas répliquer les yeux fermés ce qui a fonctionné dans la ville voisine ?
Élodie Briche

Parce que chaque cas est différent, y compris dans une même région. Le climat local varie énormément en fonction de la topographie, des vents, des formes urbaines… Les ressources humaines et financières diffèrent aussi selon la taille des villes et les enjeux liés à la surchauffe. Avant de se lancer, il faut donc se renseigner sur les limites des solutions envisagées. Ce ne sont pas forcément des contre-indications, mais des questions à se poser.

Sonia Turmel 

Le centre de Lyon est dense, autant en surface qu’en sous-sol. La voirie accueille la circulation piétonne, les modes doux et les voitures. Même si, en matière de rafraîchissement, l’objectif premier est de végétaliser l’espace public, ce n’est pas toujours possible. Il faut parfois trouver des compromis : planter une strate basse quand on manque de pleine terre ou jouer sur les couleurs des trottoirs quand ils sont trop étroits pour être plantés.

Et si on manque de temps ?
E. B.

C’est justement l’un des objectifs de « Plus fraîche ma ville ». En fonction de l’espace à aménager (une place, une rue, un parking…) et du contexte local, cet outil propose une combinaison de solutions adaptées, avec pour chacune une indication de son coût, de ses cobénéfices et de ses limites. En aidant à la prise de décision, elle devrait accélérer le passage à l’action.

S. T.

Les métropoles disposent de moyens pour rechercher des solutions et les tester, ce que n’ont pas forcément les petites et moyennes collectivités. C’est pour cette raison que nous avons partagé nos expériences dans « Plus fraîche ma ville ». Cette appli permet de capitaliser les recherches et de les mettre à la disposition du plus grand nombre.

À partir de quand peut-on se dire que les limites ne sont pas des barrières ?
E. B.

Si la meilleure solution trouvée présente des limites, mais qu’elle apporte de nombreux cobénéfices et répond à un certain nombre de critères (potentiel de rafraîchissement, coût, temps de mise en œuvre), il faut la lancer. Quitte à l’aménager. Un sol clair, par exemple, évite la restitution de chaleur la nuit mais, sur une large place exposée en plein soleil, peut créer de l’inconfort en journée (éblouissement, concentration de chaleur…). On peut limiter cela en ajoutant des structures d’ombrage ou en jouant sur des mosaïques de dalles de couleur claire.

S. T.

La limite est dans la pérennité des ouvrages. Si ceux-là fonctionnent déjà cinq ou dix ans, c’est toujours ces quelques années de gagnées. À condition que ces solutions de moyen terme aient un coût d’investissement et d’entretien raisonnable. Bien sûr, il faut aussi requalifier nos espaces publics pour 30 ans et plus. Mais la solution parfaite n’arrivera peut-être jamais.