Portrait

“Le droit à une vie saine dans un environnement sain”

Fin 2019, Lucie Pinson a reçu le prix Goldman, l’équivalent d’un prix Nobel de l’environnement. Une belle récompense pour cette battante engagée qui considère la finance comme un puissant vecteur de la transition écologique.


Engagée, Lucie Pinson l’a toujours été. Très jeune, elle milite déjà au sein d’associations pour la défense des droits de l’homme. À la fin de ses études, elle passe un an en Afrique du Sud, « un pays fascinant et bouillonnant qui concentre toutes les problématiques humaines, sociales, économiques et politiques qui me passionnent », explique-t-elle. Ce séjour provoque un déclic : elle comprend que la défense des droits humains fondamentaux et la protection de l’environnement sont liées. La question écologique est au cœur de la justice sociale. « Une terre, un ciel et des eaux pollués remettent en cause tous les autres droits. Chacun doit avoir le droit de mener une vie saine dans un environnement sain », plaide-t-elle après avoir constaté la dure réalité des bidonvilles du Cap ou de Johannesburg et les dégâts humains causés par l’exploitation du charbon. La transition écologique n’est pas encore à l’ordre du jour. Qu’à cela ne tienne ! Dès 2013, pour ses débuts dans l’association Les Amis de la Terre, elle mène des campagnes contre le financement du charbon par les banques et les assurances. ­Lucie en est persuadée : la finance est un levier indispensable si l’on veut accélérer la transition écologique.

La finance au service de l’environnement

En 2020, elle crée Reclaim Finance. Son but : agir sur l’ensemble des acteurs du champ financier (acteurs financiers privés, banques centrales, agences de notation, fournisseurs d’indices, etc.) et les convaincre de ne plus financer de projets liés au charbon. Mi-lobbyiste, mi-militante, elle conseille, donne des clés de lecture et des pistes pour agir, suscite des rencontres avec des experts. Elle n’hésite pas à dénoncer les lenteurs et les écarts entre le discours et la réalité des actions, « toujours dans la transparence et le respect des interlocuteurs ». Dans la logique de ses engagements, elle rejoint le comité scientifique et d’expertise de l’Observatoire de la finance durable, créé à l’automne 2020, ce qui l’amène à collaborer avec l’ADEME, membre observateur du comité de pilotage. Le prix Goldman est venu récompenser son travail et sa pugnacité, et lui a assuré une belle couverture médiatique. Elle s’en réjouit mais, pour elle, le plus important est qu’« il a donné de la visibilité au rôle de la finance dans la protection de l’environnement ». Rien n’est gagné. L’avenir reste sombre, voire inexistant, pour de nombreux pays. Éprouve-t-elle du découragement ? « J’éprouve parfois de la colère. Le découragement n’a jamais rien fait avancer », assure Lucie, qui s’apprête à relever un nouveau défi : inciter les acteurs financiers à ne plus soutenir l’exploitation du gaz et du pétrole.

Bio

2006

Étudie en Afrique du Sud. Constate les dégâts humains causés par l’exploitation du charbon.

2013

Chargée de campagne « Finance privée » pour Les Amis de la Terre.

2020

Lauréate du prix Goldman pour l’environnement, région Europe.