Dossier

ConcerTO : le tri en bonne intelligence

La démarche ConcerTO, initiée par l’ADEME, vise à réunir tous les acteurs concernés par la gestion des matières organiques sur un territoire, afin qu’ils définissent une stratégie commune. Regards croisés de Aline Blin, chargée de mission à l’ADEME Hauts-de-France et Delphine Bourgeois, chargée de prévention et d’économie circulaire au sein du syndicat Valor’Aisne


La démarche ConcerTO, initiée par l’ADEME, vise à réunir tous les acteurs concernés par la gestion des matières organiques sur un territoire, afin qu’ils définissent une stratégie commune.
Aline Blin

L’objectif était de réunir toutes les collectivités, entreprises, agriculteurs et associations qui, sur le département de l’Aisne, sont concernés par les matières organiques dont les biodéchets, et donc la prévention, le tri, la collecte ou le traitement des biodéchets. Notre méthodologie sur ce thème, doit les amener à développer ensemble une ou des filières de gestion locale des biodéchets, qui tienne compte des spécificités de chacun, des besoins et des difficultés qu’ils rencontrent dans la mise en œuvre du tri à la source.

Delphine Bourgeois

En tant que syndicat pour la valorisation des déchets de l’Aisne, Valor’Aisne avait besoin que soit défini un schéma départemental de gestion des biodéchets. Mais, n’ayant que la compétence traitement, nous ne pouvions agir sans les autres acteurs. Une stratégie de tri à la source que nous aurions développée seuls en demandant aux intercommunalités de l’appliquer n’aurait pas forcément été bien acceptée. ConcerTO nous a aidés à créer un espace d’échanges pour réfléchir à des solutions partagées, cohérentes à l’échelle départementale mais aussi adaptées à chaque contexte local.

Quelles difficultés avez-vous pu lever grâce à ConcerTO ?
D. B.

Certaines collectivités avaient déjà leurs propres politiques locales de gestion des biodéchets. La concertation a permis de les convaincre de décloisonner leurs projets pour s’intégrer dans une stratégie plus coordonnée. Elles ont compris qu’elles pourraient aller plus loin, tout en limitant les surcoûts. En effet, en travaillant ensemble, elles peuvent envisager la mutualisation de certains services (tournées de collecte, campagnes de sensibilisation…) et équipements (déconditionneurs, hygiéniseurs…). La mise en place d’une collecte séparée peut ainsi être envisagée plus facilement, là où elle peut utilement compléter les solutions de proximité.

A. B.

Valor’Aisne avait déjà une culture de la concertation. En outre, le syndicat avait déjà mobilisé une bonne partie des acteurs concernés par les déchets organiques dans le cadre du contrat d’objectifs Économie circulaire (Codec), signé avec l’ADEME en 2018. Cela a facilité leur implication dans ConcerTO. Mais certains d’entre eux ne se connaissaient pas : grâce à cette nouvelle démarche, ils ont été mis en relation et commencent à créer des dynamiques locales. En témoigne ce restaurant scolaire qui a découvert qu’il pouvait faire méthaniser ses biodéchets chez un agriculteur voisin.

Où en est l’expérimentation au niveau national ?
A. B.

Nous en sommes à mi-parcours. À l’issue de ce test, prévu jusqu’à fin 2022, l’ADEME publiera un guide consolidé pour les autres territoires.