Portrait

“Le seul moyen de ne pas déprimer, c’est d’agir”

Avec l’initiative citoyenne « Le Grand Défi des entreprises pour la planète », Virginie Raisson-Victor, géopolitologue, prospectiviste et présidente du Giec Pays de la Loire, est bien décidée à réduire l’empreinte carbone des activités économiques.


Ces dernières années, elle a changé son mode de vie. Présidente du Giec pour la région Pays de la Loire depuis 2020, elle a quitté Paris pour Nantes. Elle ne mange plus de viande, a vendu sa voiture et n’achète que des vêtements de seconde main. Surtout, cette ancienne grande voyageuse qui a multiplié les missions humanitaires dans le monde limite dorénavant ses trajets en avion au strict minimum. Des petits gestes nécessaires, mais loin d’être suffisants. « Dire que je suis préoccupée par l’urgence climatique serait une litote. Le seul moyen de ne pas déprimer, c’est d’agir », insiste la chercheuse de 57 ans.

Histoire de famille

Sa sensibilité écologique remonte à l’enfance : « J’ai grandi dans une famille de culture humaniste. Très tôt, je me suis sentie concernée par les affaires du monde. » Elle hérite de sa mère, professeure de mathématiques, son goût pour la pédagogie et la transmission des savoirs. Son père directeur d’un centre de recherche sur l’énergie lui donne conscience de la finitude des ressources naturelles. Rien d’étonnant à ce que la prospectiviste consacre sa vie à prédire les futurs possibles.
À l’aide de cartes, de graphiques et de ses travaux pour le Laboratoire d’études prospectives et d’analyses cartographiques (Lépac), Virginie Raisson-Victor démontre pourquoi l’humanité pourrait ne pas survivre à son développement, sauf à changer de modèle. La mort il y a six ans de son mari Jean-Christophe Victor (fils de l’explorateur polaire Paul-Émile Victor), avec qui elle nourrissait de nombreux projets communs, a renforcé son désir de partager ses connaissances. « Ma démarche de prospective et ma façon d’envisager le futur sont animées par mes trois enfants et la responsabilité qui est la mienne de les préparer à l’avenir. »

Vers un modèle de prospérité économique

En 2021, la chercheuse a lancé le ­premier Grand Défi des entreprises pour la planète, en partenariat avec l’ADEME. Cette initiative participative s’inspire de la Convention citoyenne pour le climat. Le concept : 100 entreprises tirées au sort et représentées par un dirigeant, un salarié ou un actionnaire. Ensemble, ils formuleront avant décembre prochain 100 propositions d’actions prioritaires pour réduire rapidement l’empreinte des activités économiques sur le climat et la biodiversité. « Le modèle de croissance qui repose sur la consommation n’est plus compatible avec les limites planétaires », tance Virginie Raisson-Victor, qui se montre très volontariste : « Le futur m’intéresse car on peut le fabriquer. Contrairement au passé. »