En France, le secteur des transports pèse pour plus du quart de nos émissions de gaz à effet de serre. Réduire son impact environnemental est un défi immense, d’autant que la voiture particulière représente toujours 82 % des près de 1 000 milliards de kilomètres parcourus chaque année par l’ensemble des voyageurs et qu’elle est majoritairement à motorisation thermique. La concentration des activités et des services dans les grands centres urbains a eu pour conséquence l’allongement des distances et des temps de parcours. Etat des lieux de la mobilité en France par Sylvain Waserman, président-directeur général de l’ADEME.
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Dans les zones périphériques comme en milieu rural, la voiture demeure souvent la seule solution de déplacement individuel, faute d’offre de transports en commun adaptée, efficace ou accessible. Pour repenser les mobilités sous le prisme de la sobriété et de la décarbonation, nous devons, citoyens, collectivités et entreprises, chacun à notre niveau, nous interroger sur les évidences d’hier et les habitudes de notre quotidien.
Pour les citoyens, cela signifie tout à la fois mutualiser ses déplacements, refuser les livraisons sous 24 heures, reprendre la pratique du vélo, rouler à 110 km/h sur l’autoroute ou préférer le train à la voiture, comme sait si bien nous y encourager le youtubeur Tolt, avec HOURRAIL !. Cela peut aussi être bien choisir une voiture électrique qui est une solution aujourd’hui pour décarboner les mobilités comme s’accordent à le dire Marie Chéron, e-mobility manager chez Transports et Environnement, et Bertrand-Olivier Ducreux, ingénieur au service transport et mobilité de l’ADEME.
L’ADEME est aux côtés de tous les acteurs de la mobilité pour créer des passerelles entre sobriété, décarbonation et aménagement du territoire.
Pour les collectivités, c’est développer les commerces et services de proximité pour raccourcir les déplacements, repenser les rythmes de vie (établissements scolaires, services publics…) en coordination avec les offres de transport, rapprocher les habitats des entreprises, et améliorer les offres de transport dans les zones rurales, comme cela se fait dans le Haut-Jura, par exemple. Cela peut aussi passer par la mise en place d’un service d’autopartage, d’aires de covoiturage ou de services de location de vélos, comme le fait l’agglomération de Mulhouse dans le cadre de sa politique d’amélioration de la qualité de l’air. Pour les entreprises, c’est repenser le plan de déplacements professionnels, mieux articuler le présentiel et le télétravail, réorganiser les postes pour limiter les déplacements inter-sites, imaginer des navettes et des solutions de mobilité inter-employeurs… Dans le domaine du transport de marchandises, c’est opter pour le report modal avec le combiné rail-route ou la cyclo-logistique, rénover les flottes de véhicules en passant à l’électrique grâce au rétrofit ou encore déployer des systèmes novateurs d’optimisation de la logistique, à l’image du Deliver Assist, développé par Renault Trucks et ses partenaires.
À tous les niveaux, l’ADEME est présente pour agréger les connaissances, et construire des passerelles entre mobilités, urbanisme et aménagement du territoire. Nous sommes là pour accompagner la structuration et la montée en compétences de l’ingénierie locale, en soutenant l’innovation technologique et organisationnelle et en travaillant auprès du Gouvernement pour étudier les leviers de financement pour répondre aux objectifs de décarbonation. L’ADEME participe également aux réflexions sur la mobilité du futur : comment nous déplacerons-nous en 2050 ? La réponse est peut-être à trouver dans notre exercice prospectif « Transition(s) 2050 » ?