Développer des modes plus économes en énergie et moins émetteurs est un levier incontournable pour réduire les émissions de GES du transport de marchandises. Et ce, pour toutes les logistiques, intercontinentale comme celle du dernier kilomètre. Zoom sur deux initiatives qui (ré)ouvrent de nouvelles voies.
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Augmenter les transports fluvial, ferroviaire et maritime
Le constat est sans appel : en 40 ans, la route a surpassé le ferroviaire et le fluvial pour le transport intérieur de marchandises. Ce secteur représente aujourd’hui 13 % des émissions de GES du pays. Relancer le ferroviaire et le fluvial est donc essentiel. C’est dans cette logique que s’inscrit la stratégie nationale bas carbone qui vise à réduire de 28 % les émissions du secteur d’ici 2030 par rapport à 2015. En parallèle, le plan pour le fret ferroviaire ambitionne de doubler sa part modale pour atteindre 18 % (contre 10 % actuellement).
Enfin, le fluvial vise 3 % d’ici 2030 (contre 2 % aujourd’hui). En 2023, 43,4 millions de tonnes ont été transportées par voie fluviale, équivalant à 2 170 000 camions et évitant 390 000 tonnes de CO2.
62 millions de kWh économisés, et près de 11 600 tCO2e évitées sur la durée des projets !
ReMoVe : un accélérateur du changement
Pour favoriser l’émergence, voire la réémergence de ces modes de transport, l’ADEME a mis en place le programme global ReMoVe. Il s’agit à la fois d’apporter des aides financières aux entreprises (chargeurs, commissionnaires, et transporteurs routiers) au travers d’un appel à projets pour la mise en place d’actions de report modal, et d’accompagner ces mêmes entreprises dans leur réflexion (avec le dispositif REMO). ReMoVe s’adresse particulièrement aux ZFEm (zones à faibles émissions mobilité) qui bénéficient d’une ou plusieurs infrastructures permettant le report modal vers le fleuve, le ferré ou la mer (cabotage).
ReMoVe veut créer une dynamique autour du report modal du transport routier de marchandises vers des modes de transport de masse moins émetteurs comme le ferroviaire, le fluvial et le cabotage maritime. ReMoVe veut aussi accélérer le verdissement des flottes de transport et les engins de manutention associés.
Pour le fret, allier route et rail
Remettre le transport de marchandises sur les rails est un objectif ambitieux et nécessaire, mais complexe à mettre en œuvre. Pas assez de disponibilité des voies ferrées, un déficit d’investissement dans la construction de pôles multimodaux pour relier les différents modes de transport, un manque de fiabilité dans les délais, des difficultés de recrutement : les défis à relever sont nombreux. Ainsi, le fret ferroviaire est aujourd’hui principalement utilisé pour du transport massifié, c’est-à- dire pour une très grande quantité de marchandises et généralement sur de longues distances (supérieures à 700 kilomètres), là où le routier devient moins efficace et plus coûteux. Si le transport conventionnel (qui n’est ni réalisé par conteneurs ni par véhicules routiers embarqués sur des trains) domine, le combiné rail-route connaît depuis quelques années un certain dynamisme du fait de sa flexibilité (il n’est pas nécessaire de raccorder les entrepôts au réseau ferré directement).
En 2022, plus de 40 % du trafic ferroviaire de marchandises étaient réalisés par l’association du rail et de la route, en augmentation de 8 % en moyenne par an sur cinq ans.
émis par les Transports Salva pour transporter une tonne sur un kilomètre, contre 82 grammes en moyenne !
Les Transports Salva, pionniers du combiné rail-route
Créée en 1973 à Perpignan, la société de transport de marchandises Salva a pris, dès 1996, le virage du combiné rail-route, pour répondre à la fois à la demande de grands comptes client, ainsi que pour des questions de bien-être, de sécurité des conducteurs et bien sûr d’écologie. Un engagement audacieux à l’époque, et pas toujours compris, mais aujourd’hui reconnu : l’entreprise a reçu cette année le Trophée EVE de la « Meilleure performance environnementale » dans la catégorie « Autres modes de transport routier de marchandises ». Ses performances énergétiques sont, en effet, bien meilleures que la moyenne du transport de marchandises. 53 % de son chiffre d’affaires est réalisé avec le combiné rail-route qui permet d’économiser entre 1,5 tonne et 2 tonnes de CO2 par voyage. Les Transports Salva modernisent leur flotte et ont fait le choix de l’IA pour optimiser la planification des trajets (comme limiter les kilomètres à vide), visant à réduire les émissions de CO2 et à améliorer le confort de travail des collaborateurs.
Pour que la solution rail-route fonctionne, il est indispensable de créer une véritable relation de partenariat entre client et transporteur. Nous avons eu la chance de travailler dès le début avec des entreprises convaincues, comme nous, de la pertinence du combiné
La cyclologistique pour le dernier kilomètre
Parce que la logistique du dernier kilomètre représente 25 % des émissions de GES du transport en ville, et environ un tiers des émissions de polluants atmosphériques, l’ADEME a lancé, en 2024, l’eXtrême Défi Logistique afin de favoriser le déploiement de solutions de mutualisation, d’optimisation et de report modal pour que la logistique du dernier kilomètre soit deux fois plus durable et optimisée. Parmi les solutions existantes et qui ont déjà fait leurs preuves : la cyclologistique.
À Rennes, une initiative saluée
Livrer le dernier kilomètre en triporteurs, c’est possible et ça roule ! À Rennes, Les Triporteurs Français travaillent avec plusieurs entreprises de transport, ainsi que des chargeurs, pour mutualiser le fret sec et frais au cœur du centre-ville. Cela réduit de manière significative les émissions de CO2 de l’hypercentre. Le principe est simple : STEF et DB Schenker livrent en produits frais et secs un point de livraison situé dans le centre de la ville. La marchandise, destinée à des restaurateurs du centre-ville est ensuite prise en charge par Les Triporteurs Français à l’aide de vélos munis de caisses isothermes conçues par FlexiModal et K-Ryole. En moyenne, 10 tonnes de marchandises alimentaires sont livrées chaque mois pour STEF et 80 tonnes de marchandises pour DB Schenker. Une initiative saluée par le programme EVE du Trophée de la « Meilleure coopération entre acteurs » et qui fait son chemin !