À Wintzenheim, près de Colmar (68), l’ADEME s’apprête à mettre en sécurité un site pollué par plus de 750 tonnes de Lindane, un pesticide hautement toxique. Bien qu’attendu, le futur chantier inquiète. En impliquant les acteurs locaux dans le projet, la méthode ComRisk a favorisé l’acceptabilité des travaux.
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Dans les années soixante, un fabricant de Lindane, Produits Chimiques Ugine Kuhlmann (PCUK), avait l’habitude de jeter dans une ancienne gravière ses déchets de production. Ces résidus, cancérigènes, ont vite commencé à s’infiltrer, avec les eaux de pluie, dans les sous-sols et la nappe phréatique. Et, même si une couverture d’étanchéité, mise en place en 1985, renforcée en 2009, a limité l’expansion de cette pollution, celle-ci se poursuit. L’ADEME a donc été chargée de mettre en sécurité le site, c’est-à-dire d’enlever les déchets et sols contaminés.
Faire des riverains des experts
Depuis début 2025, des foreuses sondent le sol, parfois à proximité immédiate des habitations, occasionnant d’autant plus de bruit, de vibrations et d’ombres portées que des dispositifs (tentes dépressurisées, etc.) ont été mis en place pour éviter les dégagements de poussières toxiques. Malgré cela, il n’y a pas d’opposition. « Dès 2021, nous avons pris le temps d’instaurer un dialogue ouvert avec les populations, en appliquant la méthode ComRisk développée avec l’INERIS1, l’IRSN2, l’Institut de veille sanitaire, et soutenue par l’ADEME », explique Franck Le Moing, qui suit le projet à l’ADEME. Il s’agit, au-delà d’informer la population, de l’acculturer à la gestion des sites et sols pollués. « Nous communiquons en continu sur ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. Nous répondons aux questions, sans nier les risques, mais en expliquant les mesures que nous prenons pour les maîtriser. » Un site Web et une hotline ont été créés. Les riverains et les élus participent à un comité de suivi semestriel, avec les experts et les services de l’État, où ils sont considérés en tant qu’acteurs du projet. Consacrer ce temps permet d’empêcher que les inquiétudes ne deviennent des peurs et favorise ainsi un véritable travail d’équipe.
La gestion de ce chantier est exemplaire. Grâce à la prise en charge par l’État, qui a confié le pilotage de l’opération à l’ADEME, nous disposons d’un écosystème solide et compétent, à même de rassurer nos concitoyens.