Parmi les 124 sites intégrés au Plan national de résorption des décharges littorales, celui de Dollemard, près du Havre, est l’un des plus gros. Il a été aussi le premier à faire l’objet de recherches sur les microplastiques.
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Menace environnementale majeure
Des années 1960 à 2000, près de 450 000 m3 de gravats et déchets ménagers ont été jetés depuis les falaises de Dollemard sur des plateaux en contrebas. Or, ces derniers, soumis à la montée des eaux et à l’érosion, s’effondrent sur la plage, y larguant d’importantes quantités de plastique, métal, gravats et pneus usagés. Le chantier de résorption, pris en charge par la ville du Havre et aidé financièrement par le plan Décharges littorales, doit commencer début 2026.
Vieille décharge, mais polluants émergents
Depuis quelques années, les scientifiques ne cessent d’alerter sur les risques environnementaux et sanitaires liés à une pollution massive des milieux par les microplastiques. Pour autant, savoir les mesurer avec fiabilité et les traiter efficacement reste un défi. C’est pourquoi, quand l’ADEME a été missionnée pour mettre en oeuvre le plan Décharges littorales, en 2022, elle a mobilisé les chercheurs pour intégrer l’analyse des microplastiques dans les diagnostics de pollution. Résultat : sur les quatre premières décharges investiguées, dont celle de Dollemard, la majorité des particules plastique prélevées mesurent moins de 250 μm. « Nous avons également mesuré la présence d’autres polluants d’intérêt émergent, comme les PFAS, les bisphénols et les phtalates, additifs fréquemment utilisés dans les plastiques et connus pour être des perturbateurs endocriniens, précise Hélène Roussel, coordinatrice du plan Décharges littorales à l’ADEME. Les méthodes de diagnostic développées sur Dollemard peuvent maintenant être généralisées aux autres décharges littorales. »
Dépollution au coeur du site
Quand l’érosion des côtes est importante, et que l’océan vient attaquer le massif de déchets, il faut parfois excaver les décharges historiques. Après avoir criblé et trié les macrodéchets, il reste de la terre contaminée aux microplastiques et à ses additifs. Plutôt que de l’envoyer vers des centres de stockage, au risque de saturer ces derniers, il serait préférable de la débarrasser des microplastiques et micropolluants qu’elle contient, pour pouvoir la remettre en place et favoriser la renaturation du littoral. C’est pourquoi l’ADEME a lancé un appel à projets de recherche (APR) visant à développer de telles techniques. Des solutions sont en cours d’expérimentation, et l’APR va permettre de les faire passer à l’échelle opérationnelle.
Les polluants d’aujourd’hui ne seront-ils pas ceux de demain ?
Au-delà des projets pour faire émerger des solutions de diagnostic et de traitement des microplastiques, la recherche se poursuit et l’on découvre régulièrement de nouveaux polluants issus du plastique, comme les PFAS, le bisphénol ou les phtalates. Avec le soutien de l’ADEME, la R&D opérationnelle ne se limite pas à constater ces phénomènes : elle explore déjà des pistes concrètes pour mieux les comprendre et les gérer. Soutenu par l’ADEME, le projet CORSAIRES (pour « ContaminatiOn par les micRoplastiques des Sols des déchArges lIttoRalES »), porté par l’université de Bretagne Sud, s’intéresse, par exemple, au vieillissement des plastiques dans les conditions de stockage des décharges. « Il s’agit non seulement de comprendre les facteurs et processus de dégradation de ces matières dans le sol et dans le milieu côtier, mais aussi d’étudier la manière dont les micropolluants résultant de cette dégradation se dispersent », explique Hélène Roussel.
intégrés au plan national de résorption des Décharges littorales lancé par le président de la République en 2022.
déjà mises en sécurité. Les autres sont en phase d’instruction ou de diagnostic.
La taille des décharges historiques littorales est très variable.
L’ADEME reste également attentive à toute émergence de nouveaux polluants, ou aux études faisant part de l’éventuelle toxicité d’un produit qu’on pensait jusqu’ici inoffensif. Dans le cas des PFAS, par exemple, dont il existe des milliers de variétés différentes, elle soutient les recherches visant à améliorer leur caractérisation, donc à mieux les identifier et caractériser. Une étape nécessaire avant de développer des traitements performants.