Issu de la physique des matériaux puis transposé en psychologie, le concept de résilience désigne la capacité à surmonter les chocs. Nos territoires sont confrontés à des crises multiples, soudaines ou chroniques, qu’elles soient climatiques, environnementales, sanitaires, économiques ou sociales… Ils doivent construire, avec l’ensemble des acteurs, leur capacité à s’y adapter, pour passer des transformations subies à des opportunités de rebond territorial.
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La mission principale de l’ADEME, c’est la transition écologique. Parce qu’il est rapide et inédit, le changement climatique est l’exemple typique de risques et de transformations face auxquels nous nous sentons démunis et n’avons pas les capacités de résilience. D’où la nécessité de mettre en place des processus d’adaptation transverses, connectant chaque secteur de la transition », explique Robert Bellini, adjoint au directeur Adaptation, aménagement et trajectoires bas carbone de l’ADEME. Renaturer des friches urbaines, massifier la rénovation énergétique des bâtiments, développer la production d’énergies renouvelables, privilégier les mobilités actives… autant d’actions menées par des territoires engagés, parfois de longue date, dans la transition écologique et qui embarquent également le développement de capacités de résilience face aux crises. Un territoire résilient peut donc être défini comme un territoire en mouvement, capable d’anticiper des perturbations, brutales ou lentes, d’en atténuer ou absorber les effets, de se relever et de rebondir grâce à l’apprentissage, l’adaptation et l’innovation et, enfin, d’évoluer vers un nouvel état plus équilibré, décidé et construit collectivement.
Des territoires qui anticipent
« La résilience des territoires est une dynamique. Elle doit permettre à tous les acteurs d’un bassin de vie de prendre conscience de leurs fragilités. Elle doit leur permettre de se doter d’outils qui leur procurent une capacité d’adaptation continue », poursuit le directeur adjoint. Dans une telle perspective, les projets locaux doivent être pensés de façon concertée, à plus large échelle. « La force du système repose sur la solidarité, la mutualisation des risques et la diversification des approvisionnements », insiste Robert Bellini. La résilience alimentaire en est une illustration.
La résilience dans les projets alimentaires locaux
L’ADEME conduit actuellement deux études sur le sujet, dans les Hauts-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. « Ces travaux, qui seront publiés en automne 2021, partent du diagnostic du système alimentaire régional pour construire des scénarios prospectifs à l’horizon 2050. Ils mesurent les impacts et la vulnérabilité, de la production agricole à la consommation », résume Sarah Martin, animatrice en alimentation durable à l’ADEME, qui pilote le projet. « Ces études à l’échelle régionale inscrivent l’ensemble des acteurs locaux dans une démarche globale, ce qui permet d’élargir les projets alimentaires territoriaux », poursuit Sarah Martin. Cette approche se retrouve dans le projet testé par le Grand Angoulême, « Organiser la résilience des systèmes alimentaires territoriaux » (ORSAT). Il est soutenu par l’ADEME, dans le cadre de l’appel à projets de recherche « Transitions écologiques, économiques et sociales ». Grâce à un tableau de bord de la résilience alimentaire conçu par les Greniers d’Abondance, la communauté d’agglomération renforce son projet agricole et alimentaire territorial en le structurant autour de l’enjeu de résilience du territoire. « Cette démarche porte autant sur la production que sur la transformation ou la distribution alimentaires, avec à la clé des réalisations concrètes : la création d’une filière locale du blé au pain ou encore celle d’un marché d’intérêt général pour les produits bio et locaux », souligne Isabelle Hébé, ingénieure en charge des projets alimentaires territoriaux.
Une montée en puissance
La question de la résilience des territoires sera mise en avant lors de l’événement destiné aux élus et décideurs Territoires en transition du 16 septembre 2021. On la retrouve dans les différents outils de l’ADEME, à commencer par la méthodologie TACCT destinée à élaborer des trajectoires d’adaptation au changement climatique. « L’agence accompagne depuis de nombreuses années les territoires et, forte de cette expérience, a développé des ressources pour permettre à un territoire d’appréhender les enjeux de la transition écologique de manière large, d’accompagner le passage à l’action et son pilotage », indique Agnès Jalier, animatrice territoriale au sein du service des politiques territoriales de l’ADEME. Les référentiels climat-air-énergie (Cit’ergie) et Économie circulaire et déchets (DTECI) se renforcent aussi progressivement sur le sujet de la résilience territoriale et de la sobriété. « Via ces outils et la démarche de labellisation, nous offrons aux collectivités un accompagnement global permettant de valoriser leur engagement en faveur de la transition écologique, de suivre leur progression et de mieux communiquer vers les citoyens » précise Agnès Jalier. Mais celles-ci ne sont pas seules concernées. La résilience d’un territoire se construit à toutes les échelles : de celle de l’individu jusqu’à celle de la planète, au travers d’interactions, de coopérations portées par une volonté commune.
c’est la hausse moyenne de la température en France métropolitaine depuis 1900. (Source : Météo-France – indicateur Onerc)
c’est la quantité d’eau qu’il manquera en 2050 si la demande reste stable. (Source : Groupe de travail interministériel sur les impacts du changement climatique, l’adaptation et les coûts associés)
c’est la durée de croissance après laquelle les rendements agricoles stagneront. (Source : Oracle)
Un appel à communs
En mars 2021, l’ADEME a lancé le premier appel à communs Résilience des Territoires. Elle apporte un soutien technique, financier et du conseil juridique. Cet appel à communs s’articule autour d’outils collaboratifs (wiki, forum, site vitrine). La communauté Résilience des Territoires interagit sur ces outils en proposant des contenus, des ressources ouvertes, sur cette thématique dans une logique de coconstruction. Plus d’une centaine de propositions y figurent déjà, parmi lesquelles un calculateur de la résilience, un guide de l’aménagement urbain, une aide à l’utilisation des monnaies libres… Plusieurs axes thématiques comme la mobilité et la logistique, l’alimentation et l’agriculture, l’urbanisme circulaire, les îlots de chaleur ou encore la gestion de l’eau et des sols ont été identifiés à ce jour, assortis de défis à relever, tels que l’amélioration de la connaissance, l’identification d’objectifs, la gouvernance…
En savoir + : wiki.resilience-territoire.ademe.fr/wiki/Appel_à_Communs