Dossier

La coopération au cœur de la résilience

La résilience des territoires, leur capacité à se remettre des chocs, repose, au-delà des aspects techniques, sur des aspects humains et organisationnels. Elle passe par leur capacité à travailler en coopération, ce qui suppose à la fois de la confiance et de la solidarité. Entretiens croisés de Anne Gobbey, coordinatrice du pôle Territoires durables à l’ADEME Pays de la Loire et Bérangère Soulard, présidente de la communauté de communes du Pays de Pouzauges, en Vendée.


En quoi la coopération des acteurs est-elle un instrument de la résilience des territoires ?
Anne Gobbey

La résilience des territoires est l’affaire de tous. Les crises, et en particulier les effets du changement climatique, ont des impacts à la fois sociaux, économiques, écologiques que nul ne peut prétendre surmonter en restant seul et cloisonné dans son domaine d’activité. Des acteurs d’horizons très différents, collectivités territoriales, services de l’État, entreprises, associations, doivent apprendre à travailler en mode coopératif pour les surmonter. Cette nécessaire coopération demande de dépasser les clivages au nom de l’intérêt commun. Cela implique à la fois d’accepter de changer de posture, sur le plan individuel, et sur un plan plus large de faire évoluer les organisations. Les initiatives de production d’énergies renouvelables citoyennes montrent que c’est possible. Le programme d’action-recherches Transition énergétique et sociétales (TES), auquel participe -l’ADEME Pays de la Loire, est un autre exemple de coopération où une trentaine d’acteurs cherchent à dépasser leurs différences pour travailler ensemble de manière efficace et faire évoluer les modes de vie vers plus de résilience.

Bérangère Soulard

J’ai été élue présidente de la communauté de communes du Pays de Pouzauges il y a un an, et j’ai trouvé une intercommunalité déjà bien engagée sur la question des transitions. Depuis 2008, le Pays de Pouzauges s’est doté d’une Fabrique de territoire grâce à laquelle des projets innovants bénéficient de l’accompagnement d’un réseau d’acteurs : élus, club d’entreprises, agriculteurs, associations… qui ont appris à se connaître et à travailler ensemble. Je crois aux vertus du collectif. Pour élaborer notre projet de territoire, nous nous sommes appuyés, grâce à la mobilisation des élus municipaux, sur des groupes de travail thématiques ouverts aux citoyens. La préservation, la valorisation et le développement de notre territoire passent nécessairement par un travail commun associant tous les acteurs, et par une forme de gouvernance plus transversale, plus horizontale.

 

Comment obtenir cette coopération ?
B. S. 

Notre responsabilité est de mobiliser autour des politiques publiques, de redonner envie de s’investir dans des projets collectifs. L’exécutif doit s’ouvrir, savoir s’appuyer sur des collectifs de personnes engagées. Apprendre à travailler collectivement les projets dans leur globalité en sortant des silos implique des méthodes de travail plus efficaces. Ainsi, nos élus ont développé eux-mêmes un outil, une grille d’analyse qui permet d’examiner les projets de nos dix communes et de l’intercommunalité au regard des orientations de notre projet de territoire. Au-delà de l’évaluation, cet outil favorise le sentiment d’appartenance, la volonté de mener une action commune.

A. G. 

La coopération est le meilleur outil d’adaptation humain et social, et il semble nécessaire de s’y mettre massivement. Plus les effets des crises vont se faire sentir, plus les collectifs ayant déjà pris l’habitude de travailler en mode coopératif seront armés pour amortir les chocs.