Créé par l’Institut de l’engagement et le CNRS, avec le soutien de l’ADEME, le Brevet Premiers Secours pour la Planète a pour ambition de sensibiliser les jeunes aux enjeux écologiques et de leur transmettre les bons réflexes pour agir au quotidien. Dans cette interview, Martin Hirsch revient sur cette mission et souligne à quel point l’engagement des jeunes est essentiel pour réussir la transition écologique.
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Le Brevet Premiers Secours pour la Planète est une formation courte, simple et accessible à tous, pensée pour éveiller les consciences face à l’urgence écologique. En 2h30, en ligne ou en groupe, les participants découvrent les bases scientifiques sur le climat, la biodiversité et des leviers d’action individuels et collectifs.
Grâce à des vidéos, quiz, témoignages et données chiffrées, cette formation crée un premier déclic sur la complexité et la fragilité des équilibres écologiques ainsi que sur le rôle déterminant des êtres humains. Le brevet vise à donner à chacun une compréhension commune et solide des enjeux, afin de relier la transition écologique à ses propres choix de vie. Un questionnaire final permet de faire le point sur ce qu’on a appris et sur les engagements que l’on souhaite prendre. Il ne s’agit pas d’un examen, mais d’un signal personnel d’engagement, marqué par l’obtention d’un certificat.
En 2010, j’ai lancé le service civique, avec la conviction qu’il fallait donner aux jeunes une place active dans la société. Assez rapidement, une autre idée a émergé : sur le même principe, il faudrait que chacun dispose des connaissances de base sur le climat, la biodiversité et les grands enjeux écologiques. L’objectif n’est pas de former des experts, mais de donner à tous de bons réflexes, des repères essentiels pour comprendre et agir. C’est ainsi qu’est née l’idée du « Brevet Premiers Secours pour la Planète », lancé au sein de l’Institut de l’Engagement, une association que j’ai fondée en 2012 pour accompagner des jeunes engagés, après un service civique ou une expérience bénévole.
L’Institut les aide à valoriser leur engagement grâce à un large réseau de partenaires dans l’enseignement supérieur, l’entreprise et la culture. Ce fonctionnement atypique en fait un objet hybride, à la fois passerelle, école, communauté… C’est la seule structure où l’on peut se retrouver à dialoguer, comme c’était le cas en février dernier, en même temps avec le Président du Sénat et la Présidente de l’Assemblée nationale.
Le Brevet a été pensé au départ pour des jeunes en service civique ou accompagnés par l’Institut de l’Engagement, mais il s’adresse en réalité à un public beaucoup plus large : étudiants, professionnels, citoyens, salariés d’entreprises, collectivités… Il est aujourd’hui déployé dans des universités, des entreprises, des musées, des banques. Il est totalement gratuit pour les jeunes, notamment les étudiants et les jeunes en service civique grâce au soutien de l’ADEME et de l’Agence du Service civique. Nous travaillons aussi avec des employeurs pour permettre à des salariés de passer leur brevet ou de proposer des services sur-mesure.
L’ADEME a joué un rôle central dans l’élaboration du Brevet. Elle garantit la fiabilité scientifique des contenus mais aussi la clarté pédagogique. Avec le CNRS, elle nous a permis de construire un outil qui soit à la fois rigoureux et accessible, et je tiens à remercier les experts qui ont contribué à ce projet. Elle nous soutient aussi financièrement, ce qui nous permet de le proposer gratuitement aux étudiants et aux établissements d’enseignement supérieur en particulier. L’ADEME, ce n’est pas seulement un soutien institutionnel, c’est un partenaire de fond qui a contribué à faire du Brevet un outil robuste, légitime, et diffusable à grande échelle. Le Brevet est d’ailleurs accessible depuis le site de l’ADEME pour les jeunes M ta Terre.
Les jeunes sont en première ligne. Ils perçoivent avec une acuité particulière les conséquences de l’inaction climatique. Ils sont souvent plus lucides, plus courageux, plus engagés que d’autres générations. Mais ils manquent encore trop souvent de reconnaissance de cet engagement et de moyens d’agir. On attend d’eux qu’ils soient exemplaires, mais on ne leur donne pas toujours les outils, ni la place dans les décisions. À l’Institut, nous travaillons justement à leur donner ce pouvoir d’agir : leur engagement mérite d’être soutenu, structuré, valorisé.
Je crois beaucoup à l’importance de la formation : comprendre pour mieux choisir, mieux argumenter, mieux convaincre. C’est ce que propose le Brevet Premiers Secours de la Planète, mais il existe mille autres manières d’apprendre, sur le terrain, dans les livres, au contact d’autres générations. Il ne s’agit pas de faire tous les bons choix tout de suite, mais d’avancer, en se questionnant, en progressant. C’est pour cela que je leur dirais de ne pas attendre de se sentir parfaitement légitime pour agir. Le passage à l’action, même modeste, est déjà une façon de se sentir moins impuissant face à l’ampleur des défis.
Je les inviterais aussi à se relier aux autres. Quand on rejoint une association, un projet local, un collectif étudiant, on découvre non seulement des moyens d’agir, mais aussi une intelligence partagée, une forme d’espoir concret.
Nous voulons aller plus loin encore. Le Brevet Premiers Secours de la planète est une première marche. Nous avons déjà commencé à travailler à la suite, avec une deuxième formation sur le même modèle, que nous avons lancée en mai dernier : l’Initiation aux Premiers secours de la planète : celle-ci dure 40 minutes, et elle est encore plus accessible, pour des jeunes qui découvrent le sujet, avec un parcours pour les 10-14 ans et un autre pour les 15-25 ans.