Ce joyau naturel prisé des randonneurs et baigneurs porte encore les traces d’un siècle d’activité industrielle. Les dépôts de scories, résidus toxiques issus du traitement des minerais de plomb et de la production chimique, affleurent à même le sol, parfois jusque dans l’eau. Un vaste chantier piloté par l’ADEME démarre cette année pour réhabiliter ces zones polluées et protéger la population des risques sanitaires. D’où vient cette pollution ?
Partager
La pollution des calanques de Marseille trouve son origine dans les activités industrielles des XIXᵉ et XXᵉ siècles, notamment le traitement de minerais de plomb et la production de soude et d’acide tartrique (principalement utilisé comme antioxydant). Ces industries ont laissé derrière elles de nombreux dépôts de scories, utilisées comme remblais pour la construction de routes et de parkings le long du littoral. Ces résidus contiennent des concentrations élevées de métaux lourds, tels que le plomb et l’arsenic, qui représentent encore aujourd’hui une menace pour l’environnement et la santé publique, les particules toxiques étant dispersées par le vent ou entraînées par les eaux de ruissellement vers la mer. Or, dès 2005, l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS) avait alerté sur les risques d’exposition pour les résidents et les nombreux visiteurs.
Une réponse à la hauteur du problème
En 2012, face à cette situation, l’ADEME a reçu la mission de mettre en sécurité ces zones critiques. L’objectif : réduire au maximum les transferts de pollution et limiter l’exposition des personnes. Les études démarrées en 2013 ont permis d’identifier et de hiérarchiser 20 sites prioritaires, situés entre Mont Rose et Callelongue, pour un traitement adapté à chaque situation. Deux stratégies principales sont déployées :
- l’évacuation totale ou partielle des dépôts vers une installation de stockage spécialisée pour les déchets dangereux, lorsqu’elle est techniquement possible et respectueuse des écosystèmes ;
- le confinement des scories par des ouvrages pérennes, conçus pour résister à l’érosion par les eaux de ruissellement, la mer et le vent, intégrés au paysage pour limiter l’impact visuel et environnemental. Concrètement, les scories seront isolées par un matériau étanche, puis recouvertes pour assurer une bonne insertion paysagère.
Une approche sur-mesure et respectueuse du cadre naturel
La réalisation des ouvrages de confinement a été soigneusement étudiée en concertation avec les acteurs locaux et les services de l’État (DREAL PACA, la direction départementale des territoires et de la mer DDTM, ARS, Parc National des Calanques). Pour assurer une intégration paysagère optimale, les choix techniques ont été adaptés au cas par cas, avec par exemple l’utilisation de graves calcaires (mélange de sable et de gravillons) pour imiter les éboulis naturels ou l’habillage des ouvrages avec des murs traditionnels en pierres dans les zones les plus urbanisées. Toutes les solutions retenues (évacuation et/ou confinement) permettent donc aujourd’hui de concilier de manière réaliste les enjeux sanitaires, d’insertion paysagère et de préservation de la biodiversité (flore et reptiles notamment).
Le chantier démarre cette année !
10 ans d’études ont été nécessaires pour concevoir une solution de gestion adaptée au contexte environnemental exceptionnel dans lequel se situent les dépôts de scories à mettre en sécurité (cœur de parc national, site Natura 200, site classé, etc.). Le chantier est désormais imminent. Les travaux seront réalisés sur deux périodes de 7 mois, de septembre 2025 à mars 2026 puis de septembre 2026 à mars 2027. Ce calendrier vise à préserver au maximum les espèces protégées tout en tenant compte de la fréquentation touristique du secteur.