Pourquoi partir loin quand la France regorge de trésors touristiques ? C’est à partir de ce constat que Guillaume Jouffre a eu l’idée de créer GreenGo, concurrent écoresponsable d’Airbnb ou Booking, en 2021. Depuis, il ne cesse d’enrichir sa plateforme de fonctionnalités aidant à organiser des vacances bas carbone.
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Après des études à l’École polytechnique, puis cinq ans dans un cabinet de conseil, j’ai eu un déclic. En 2019, je me suis rendu compte de l’impact climatique de mes voyages. J’ai arrêté l’avion. Puis j’ai voulu agir pour la transition écologique. Dans une logique d’ingénieur, j’ai cherché une industrie très émettrice de gaz à effet de serre mais sans solutions concrètes. C’était le cas du tourisme. Bien que les acteurs soient nombreux dans ce secteur, très peu cherchent à concilier voyage et réduction des émissions. Au contraire, encourager les déplacements fait souvent partie de leurs modèles économiques. Pourtant, avec tous les paysages et le réseau ferré que nous avons en Europe, nous avons un potentiel extraordinaire pour réorienter les flux touristiques vers des séjours plus locaux.
Pour le moment, nous ne proposons que des hébergements en France. Les gens ont encore trop l’habitude de penser à la destination avant de se soucier du moyen de s’y rendre. Si nous proposions des locations en Grèce, cela encouragerait à prendre des vols low cost. Avant de nous déployer dans d’autres pays, il faut que nous arrivions à changer de paradigme, à convaincre nos clients de commencer leurs recherches de séjours en fonction de leur point de départ.
Les 16 000 locations que nous proposons sont évaluées suivant 113 critères écologiques (gestion de l’eau, des déchets, etc.). Nous avons aussi ajouté à notre site des outils qui facilitent la planification de vacances bas-carbone. Parmi eux, un filtre « séjour compatible sans voiture » flèche les logements qui, en plus d’être accessibles en train, permettent de passer des vacances non motorisées sans s’ennuyer. Un comparateur de transports indique le coût, la durée et les émissions de CO2 liés au voyage, selon le mode de déplacement choisi. Et, depuis cet été, nous avons un nouveau module : GreenGo Explore. En choisissant « je ne sais pas où aller » dans notre moteur de recherche, puis en indiquant la ville de départ, le mode de déplacement et la durée maximum de trajet souhaité, le site suggère des destinations susceptibles de vous plaire. Cela change la manière d’organiser ses vacances, et offre de belles surprises à quelques heures de chez soi.
Par ailleurs, pour éviter à nos clients de devoir passer en revue tous les critères écoresponsables de chaque logement, nous avons créé un écoscore, s’appuyant sur une méthode validée par l’ADEME, qui résume les efforts réalisés par les hébergeurs.
Qu’il s’agisse de campings, d’hôtels ou de gîtes, nous incitons les hébergeurs à faire leur bilan carbone. Puis nous les aidons à l’améliorer, via une formation en ligne d’une cinquantaine de modules. Ce parcours, baptisé Opération Transition, dure cinq à dix heures. Il facilite le passage à l’action car il tient compte des contraintes spécifiques au secteur (manque de temps des gérants d’hébergements, difficulté à paralyser un logement au-delà des quelques mois hors saison…). Nous leur montrons notamment ce qu’ils peuvent réaliser sans que cela soit trop coûteux. Et, pour qu’ils s’y retrouvent autant que leurs clients, nous appliquons une commission de 12 %. En tant qu’entreprise à mission, nous nous engageons en effet à construire un tourisme durable au juste prix.
Oui. Avec la crise du Covid-19, beaucoup de gens ont eu le même déclic : réduire l’impact carbone de leurs vacances. De nouvelles entreprises ont émergé pour répondre à cette nouvelle dynamique, et les touristes y sont sensibles. Rien que sur GreenGo, nous avons gagné 10 000 clients supplémentaires sur les six derniers mois ! Ils sont de tous âges et de tous bassins de population, ils peuvent être en couple ou non, avec ou sans enfants. On note néanmoins que ce sont plutôt des femmes, celles-ci étant souvent plus sensibles à l’argument écologique.
Les acteurs historiques commencent également à réagir, même si ce sera plus compliqué pour eux : la décarbonation du secteur est un changement structurel, qui entre en contradiction avec leurs modèles. C’est plus facile de partir de zéro, comme nous. Néanmoins, les financements restent encore difficiles à trouver pour développer le tourisme durable. Les aides publiques (via les régions ou Atout France, par exemple) ne sont pas suffisantes, et le marché privé doit encore être évangélisé. Cela montre que notre mission de sensibilisation n’est pas terminée : nous travaillons, à travers nos réseaux sociaux notamment, à rendre désirable ce qui est vertueux. Montrer qu’il est possible de passer de bonnes vacances à moindre impact écologique, c’est la clé de la transition du secteur.
Le Fonds Tourisme Durable
Avec ce fonds, l’ADEME soutient les hébergeurs et restaurateurs qui souhaitent réaliser un diagnostic environnemental gratuit, puis financer les investissements nécessaires à leur transition écologique. Il s’adresse aussi bien aux TPE et PME qu’aux collectivités exerçant une activité touristique en régie, situées en zone rurale ou péri-urbaine.
Plus d’infos ici
des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France sont liées au tourisme.
de tCO2 éq ont été émises par ce secteur.
de ces émissions proviennent de la mobilité des touristes.