Teresa van Dongen tire son inspiration de designer des mécanismes du vivant. Les algues, les micro-organismes, les bactéries qu’elle a croisés lors de sa formation initiale de biologiste nourrissent son travail orienté sur la rareté des ressources. Ses œuvres proposent une réflexion à la fois poétique et politique face à l’urgence climatique.
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Avec ses lentilles et ses diffuseurs à LED montés sur des tubes métalliques, « Electric Life » ressemble à un module spatial. Alimentée par des bactéries électro-actives, la lampe présentée par Teresa van Dongen en 2019 au Centre Pompidou lors de l’exposition « Fabrique du vivant » est représentative du travail de l’artiste, à la convergence entre la science et l’art. « Lorsque la Nasa envoie des astronautes dans l’espace, elle cherche l’efficacité et la performance, et trouve des moyens pour recycler les urines en eau potable ou les excréments en nutriments. Notre planète est une sorte de vaisseau spatial dans lequel la nature excelle à trouver des processus circulaires », explique Teresa van Dongen. Née en 1988, la jeune femme était élève en deuxième année de biologie lorsqu’elle a pris conscience de ces mécanismes circulaires du vivant qui ne cessent d’alimenter sa réflexion et son œuvre.
Moins, c’est mieux
« La nature et la science peuvent apporter les solutions à nos problèmes, largement liés à la manière dont nous surconsommons les ressources. En créant une lampe alimentée par des bactéries qu’il faut nourrir pour qu’elles produisent un petit peu d’énergie, je tente de montrer que celle-ci est rare et précieuse. Et qu’on peut se satisfaire de moins d’énergie », explique l’artiste. Épurées, graphiques, ses œuvres font formellement l’éloge de la sobriété. « J’essaie de provoquer une interaction, une émotion qui amène de l’attention, qui suscite une réflexion », souligne-t-elle.
Changer les regards
Poétique, son travail est aussi politique, il a vocation à changer les regards : « Je ne veux pas sombrer dans l’éco-anxiété. Rien de bon ne sort du désespoir. Je m’efforce d’être positive. En rendant visibles les processus naturels ou les découvertes scientifiques, je peux être un petit maillon de la chaîne qui aboutira à une transformation de la société. » La naissance de son fils est venue renforcer encore ses ambitions : « Je me souviens de l’insouciance de ma propre enfance, d’un monde ouvert à toutes les possibilités. La jeunesse d’aujourd’hui mesure les limites du monde et les combats à venir. Je souhaite lui apporter des ressources et de l’espoir. » Son dernier travail, Aireal, consiste en une bibliothèque de matériaux qui séquestrent le carbone. Son prochain projet tournera autour de l’énergie solaire. Elle fait de l’urgence climatique le moteur de son engagement artistique.
A découvrir
Teresa Von Dongen intervient dans le MOOC « Art et écologie» proposé par le Centre Pompidou qui organise également, en partenariat avec l’ADEME, le forum « Climat : quelle culture pour quel futur ? » du 2 au 4 décembre.
Découvrez le programme « Climat, quelle culture pour quel futur? »