Portrait

« Nous sommes responsables de ce sur quoi nous avons une capacité d’action »

Formée au coaching et à la psychologie sociale de l’environnement, Séverine Millet appelle à mieux prendre en compte les facteurs humains dans la dynamique de transition écologique.


Séverine Millet aime se présenter comme une accompagnante. Hier, elle plaidait aux côtés des juges du tribunal international pénal pour l’ex-Yougoslavie ou pour le Rwanda. Aujourd’hui, elle accompagne les entreprises, associations, collectivités territoriales pour les aider à lever les freins à l’indispensable transition écologique. « Le besoin d’être utile et de participer au changement du monde a toujours été un puissant moteur », raconte Séverine Millet.

Engagement précoce

À tout juste 17 ans, elle rejoint une association de lutte pour les droits des femmes. « J’ai grandi avec ces questions d’égalité et de liberté grâce à ma mère, co-fondatrice du planning familial de Cergy-Pontoise. » Son père, lui, était travailleur social puis psychologue, très impliqué dans l’action politique locale. « Après le bac, j’hésite entre la fac de psycho et celle de droit. Le désir de justice l’emporte », rapporte Séverine Millet, 50 ans cette année, qui vit dans un village perché à 900 mètres d’altitude entre Grenoble et Chambéry. Elle est ensuite tour à tour avocate en droit de l’homme (Assemblée nationale, ministères), droit humanitaire (Médecins du monde, ONU, La Cimade) et droit de l’environnement. « J’ai travaillé sur les grands crimes de guerre et observé comment des gens normaux basculent dans la folie meurtrière. Ce qui m’a fait m’interroger sur la dynamique humaine de l’action et de l’inaction dans des contextes de guerre. »

Adepte de la « juste puissance »

Cette question ne cesse de la tarauder. Au début des années 2000, elle la transpose à l’environnement : « Pourquoi nous ne changeons pas de comportements à la hauteur des enjeux climatiques, alors que nous connaissons les risques et les moyens de changer ? » Pour y répondre, elle se forme en sciences humaines, cognitives et sociales, et lance en 2006 sa structure Nature Humaine. Son idée ? Agir sur les facteurs humains afin de lever les blocages face à une demande de changement. « Les enjeux écologiques ne seront pas résolus uniquement par les sciences dures, la technologie, les financements, la loi », martèle la formatrice, par ailleurs adepte de la méditation et du yoga depuis plus de vingt-cinq ans. Séverine Millet coache les professionnels de l’environnement pour qu’ils mobilisent eux-mêmes les capacités d’un vrai changement de comportements propres à chaque personne, à chaque organisation. Parmi les concepts qu’elle manie, celui de la « juste capacité d’action » fait écho aux interrogations de beaucoup de citoyens : « Il s’agit de n’être ni dans l’impuissance, ni dans la toute-puissance. Nous sommes responsables de ce sur quoi nous avons une capacité d’action, là où nous sommes placés dans le système et devons faire tout simplement notre part. » Et c’est déjà beaucoup.