Portrait

« Faire converger zéro déchet et zéro chômeur »

Donner de l’emploi à des chômeurs de longue durée et une seconde vie aux jouets oubliés dans les placards… C’est la bonne idée de Gilles Malandrin, fondateur d’Enjoué, une entreprise à but d’emploi (EBE).


Huit mois, c’est la durée moyenne d’utilisation d’un jouet, quand celui-ci est conçu pour tenir entre 15 et 20 ans. Résultat : beaucoup de peluches, jeux de société et jeux premier âge délaissés s’entassent dans les placards, tandis que 100 000 tonnes sont jetées à la poubelle chaque année. « C’est un peu l’histoire du film Toy Story », sourit Gilles Malandrin, 50 ans. 

Pendant 18 ans, Gilles Malandrin a été chef de projet dans les politiques de l’insertion. « J’avais envie de changer de vie et, comme beaucoup, j’ai été saisi par l’urgence climatique, la succession d’étés chauds et sans eau. » Gilles Malandrin et ses deux associées, Julie Jacquot et Camille Delarbre, cherchent une activité vertueuse, sociale comme environnementale. « La fibre sociale est une seconde nature chez moi ! Je travaille depuis de longues années avec des associations de lutte contre la pauvreté, dans le cadre notamment d’épiceries solidaires », lance-t-il.

Alors que la Métropole de Lyon rejoint l’expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée », les trois associés ont l’idée de lancer une activité de collecte, réparation et revente de jouets d’occasion et de confier ces missions à des chômeurs de longue durée. Enjoué naît en 2020, dans le quartier prioritaire Saint-Jean, à Villeurbanne. « Les jouets doivent être irréprochables du point de vue de la sécurité et aussi désirables que s’ils étaient neufs. Aussi, nous les “bichonnons”. Nous passons un shampoing, par exemple, sur les Barbie, et même un après-shampoing adoucissant ! »

Du team building à haute valeur sociale et environnementale  

Le défi est ambitieux : en moyenne, un jouet est vendu cinq euros alors qu’il coûte le double à revaloriser. Enjoué propose donc aussi du team building à d’autres entreprises : « Au lieu de faire de l’accrobranche ou un escape game, leurs salariés s’immergent une journée dans notre atelier. Ils vivent cela comme une expérience humaine très intense, qui fait tomber beaucoup de préjugés. » 

Trois ans après ses débuts, Enjoué est sur les rails. L’entreprise emploie 20 salariés, dont 16 chômeurs de longue durée. Elle donne une seconde vie à 8 000 jouets par an. « Les choses se mettent progressivement en place et le regard porté sur le réemploi est en train de changer. Il y a aujourd’hui beaucoup moins de réticence à placer un jouet d’occasion au pied du sapin de Noël », conclut Gilles.