Pas facile de concilier précarité et alimentation durable… C’est pourtant un défi dont s’emparent de plus en plus les acteurs de la lutte contre la précarité alimentaire. Focus sur deux associations mobilisées à l’occasion de la Semaine européenne de réduction des déchets (SERD), coordonnée par l’ADEME, qui aura lieu du 16 au 24 novembre 2024.
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La précarité alimentaire : qu’est-ce que c’est au juste ?
« Manger mieux, gaspiller moins. » Tel est le thème choisi pour la Semaine européenne de réduction des déchets (SERD) 2024. Ce crédo pourrait sonner creux, voire comme un vœu pieux pour ceux qui peinent à s’alimenter… Ceux qui sont en situation de précarité alimentaire. Cette situation conjugue pauvreté économique et incapacité à accéder à une alimentation durable pour diverses raisons, notamment sociales. Une personne peut donc être précaire du point de vue alimentaire, parce qu’elle n’arrive pas à se nourrir en quantité suffisante, mais aussi parce qu’elle est contrainte de manger des aliments de qualité moindre ou qui ne correspondent pas à ses goûts, ses besoins ou son état de santé. Lutter contre la précarité alimentaire, au-delà de fournir des repas à ceux qui n’en ont pas, c’est donc aussi éveiller aux enjeux de l’alimentation durable pour aider les personnes à « manger mieux et gaspiller moins ». Car la précarité alimentaire touche tous types de publics. Les associations engagées sur ces problématiques l’ont bien compris. C’est le cas d’Emmaüs Toulouse, qui organise une conférence sur l’alimentation et la justice sociale le 21 novembre, à Labarthe-sur-Lèze, en Haute-Garonne (31).
« Retrouver une place, s’épanouir et contribuer à une alimentation durable »
« À partir de l’alimentation, on peut produire de la justice sociale », affirme Anaïs Revollat-Veuillet. La directrice d’Emmaüs Toulouse en veut pour preuve les actions mises en place depuis deux ans par l’association. À savoir : les ateliers de sensibilisation à l’alimentation durable, les ateliers de cuisine de rue ou les démonstrations de cuisine anti-gaspillage qui seront organisées à l’occasion de la SERD avec les Jardins de Cocagne (partenaire spécialisé dans l’insertion par l’activité maraîchère) mais aussi la création de jardins vivriers au sein de ses communautés.
« À notre échelle et à travers nos communautés, comme le fait le réseau Cocagne, nous aidons les personnes à retrouver une place, à s’épanouir et à contribuer à une alimentation raisonnée et accessible », explique la directrice. Certaines communautés Emmaüs sont devenues agricoles, c’est le cas d’Emmaüs Pamiers, qui fournit désormais les Restos du Cœur d’Ariège. Mais aussi de la communauté de Nérac, qui regroupe des semenciers et des boulangers. S’il est encore « trop tôt » pour mesurer l’impact des actions mises en place depuis seulement deux ans, selon Anaïs Revollat-Veuillet, une chose est sûre : « petit à petit, en misant sur des moments de qualité, l’interculturalité avec des ateliers cuisine du monde, on arrive à reconnecter les personnes avec ce qu’elles ont dans leurs assiettes. Il y a des petits moments de lumière qui nous éclairent… » Des moments dont témoigneront les cinq invités de la conférence-débat autour de l’alimentation et de la justice sociale du 21 novembre, représentant respectivement Emmaüs Nérac, Emmaüs Pamiers, les Jardins de Cocagne, l’association 3PA et Emmaüs Toulouse.
« L’accès à une alimentation durable pour tous les étudiants est une de nos priorités »
La précarité alimentaire touche aussi les étudiants. « Le premier obstacle, pour accéder à une alimentation durable, c’est le prix », rapporte Chloé Liboureau, vice-présidente transition écologique pour le Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (RESES). Ce constat, émanant des consultations effectuées auprès des étudiants, a incité le conseil d’administration du RESES à voter, l’an dernier, la garantie d’accès à une alimentation durable pour tous les étudiants comme une de ses priorités. Depuis, le RESES accompagne les associations dans leurs démarches vers cet objectif, comme Disco Soupe et ses sessions de cuisine collective antigaspi, Cop1 et ses distributions de paniers solidaires ou encore Festi’bouffe, le festival dédié à l’alimentation durable qu’il co-organise avec les associations BelleBouffe et VRAC pour la SERD – qu’il décline d’ailleurs en version étudiante depuis cinq ans -, le 16 novembre à Lyon. Au programme : présentation d’initiatives locales, ateliers de cuisine antigaspi, repas partagé et une table-ronde : « Comment sortir des précarités alimentaires étudiantes ». Le RESES croit en l’action politique pour agir. En attestent les conventions étudiantes locales qui ont pour but de faire émerger des propositions concrètes pour faire avancer leur territoire vers l’alimentation durable et qui seront lancées, justement, à l’occasion de la SERD.