Bien que, sur le terrain, elles soient les plus impactées par le changement climatique et les plus impliquées dans l’adoption de comportements écoresponsables, les femmes sont encore trop peu présentes dans les instances qui décident des politiques environnementales.
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Les études montrant que le dérèglement climatique impacte plus les femmes que les hommes se multiplient. Naturellement, on pense aux cas extrêmes : à ces femmes qui, dans certains pays, doivent parcourir des kilomètres pour se ravitailler en eau, ou à ces fillettes qui, dans certaines régions, sont défavorisées par rapport à leurs frères en cas de famine. Mais, même si elles sont moins visibles, les inégalités climatiques de genre existent aussi en France. En cause : les normes sociales et les stéréotypes de genre, qui viennent s’ajouter à des inégalités structurelles. « Parce qu’elles sont plus souvent payées au Smic et à temps partiel, parce qu’elles sont plus nombreuses que les hommes à arrêter de travailler pour s’occuper de leurs enfants et parce qu’elles représentent plus de 80 % des parents isolés, les femmes ont plus de risque d’être en situation de précarité, donc de vulnérabilité face au dérèglement climatique, note Amandine Richaud-Crambes, en charge d’une mission sur les discriminations indirectes liées à la transition écologique à l’ADEME. De plus, physiologiquement, le corps des femmes est plus sensible aux canicules et aux grands froids, si bien qu’elles sont plus nombreuses à en ressentir les effets sanitaires. Lors de la canicule de 2003, la mortalité chez les femmes a ainsi été 15 % supérieure à celle des hommes. » Elles sont aussi plus désavantagées par les mesures de lutte contre le réchauffement climatique. Ainsi, « comment rejoindre son travail en centre-ville quand on a une voiture Crit’Air 5 devenue indésirable, qu’on n’a pas les moyens de passer à l’électrique, qu’il n’y a pas d’alternative en bus le dimanche et qu’on a peur de se faire harceler ou agresser en rentrant seule le soir ? »
Inégalités économiques, sociales et politiques
Quel que soit le milieu, les femmes s’occupent encore de 71 % des tâches ménagères1, si bien que l’adoption d’habitudes plus écoresponsables dans les foyers (alimentation durable, sobriété énergétique…) leur incombe davantage. A contrario, les postes à responsabilité sont encore trop peu occupés par des femmes. Celles-ci ne représentent que 37 % des députés et 20 % des maires en France2. Surtout, dans les secteurs clés de la transition (énergie, transport, finance, etc.), les emplois stratégiques sont majoritairement occupés par des hommes. Dans un avis de mai 2023, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) émet des recommandations pour que l’impact des décisions écologiques sur la vie des femmes soit mieux pris en compte. Parmi elles, celle d’encourager davantage les filles à s’orienter vers les filières scientifiques et techniques.