Portrait

« Il faut apprendre à penser, voyager, rêver autrement. C’est difficile. »

Dans son podcast « Super Green Me », le journaliste de 29 ans raconte de l’intérieur sa transition écologique. Une expérience humaine et inspirante.


Le plus marquant chez Lucas Scaltritti est son honnêteté. Il n’en fait pas mystère, il n’a pas toujours été un écolo-vertueux. « Jeune, j’avais des rêves à mille lieues de mes préoccupations d’aujourd’hui : devenir riche, avoir une grande maison avec piscine et parcourir la planète en avion pour découvrir le monde. » Ajoutez à cela qu’il adorait la viande… « Mais ça, c’était avant ! », ponctue-t-il avec humour. 

La prise de conscience de l’urgence écologique est venue petit à petit, par la pratique de son métier. Diplômé du Centre de formation des journalistes, il s’oriente vers la radio. En 2020, pendant le confinement, il commence à s’intéresser aux travaux du GIEC et de l’ADEME, notamment. Il comprend qu’« il y a le feu au lac » et en fait le titre de son premier podcast, produit par Ouest France.

Une idée germe alors dans sa tête : réaliser un podcast sur le modèle du documentaire Super Size Me, l’histoire d’un homme qui se lance le défi kamikaze de manger trois fois par jour des hamburgers pendant un mois, pour voir l’effet produit sur sa santé. « Mon défi était d’un autre type. Pendant six mois, j’allais réduire drastiquement mon empreinte carbone pour cibler les 2 tonnes de CO2 par an, l’objectif à atteindre en moyenne pour chaque Français en 2050 afin de limiter le réchauffement climatique à 2°C. »

Journal de bord d’un pollueur repenti    

Super Green Me  était né. Soit le récit vrai de sa transition écologique étape par étape, des difficultés surmontées et des petites victoires au jour le jour. Un podcast dédramatisant qui réussit une prouesse : donner envie de suivre la même aventure, de manger moins de viande, de voyager en train, de résister aux sirènes de la fast-fashion et de s’habiller en seconde main. 

Lucas reconnaît que sa transition est plus facile que pour d’autres : « J’ai la chance d’être Parisien et de pouvoir vivre sans voiture. J’adore cuisiner et donc je peux découvrir toutes les richesses de la cuisine végétarienne. » Qu’est-ce qui fut le plus dur, alors ? « C’est difficile de renoncer aux rêves et aux aspirations qui nous ont nourris pendant des années. Il faut apprendre à penser, voyager, rêver autrement, à se fabriquer de nouveaux imaginaires. Cela prend du temps », explique-t-il. 

2,3 tonnes économisées    

Ces questions rejoignent les réflexions de l’ADEME sur la fabrique de nouveaux récits. L’agence parraine d’ailleurs la saison 2 de Super Green Me, démarrée en octobre, et va en coréaliser un épisode. 

Reste une question : où en est Lucas Scaltritti dans son bilan carbone ? En six mois, il est passé de 7,3 à 5 tonnes par an, selon les calculs réalisés avec MyCO2. Mais Lucas ne compte pas s’arrêter là. « Au départ, je pensais que le défi serait limité dans le temps, mais je suis tombé dans mon propre piège : impossible de revenir en arrière une fois que l’on a ouvert les yeux sur la crise écologique. »

Bio

2018

Diplômé du Centre de formation des journalistes (CFJ).

15 juin 2022

Sortie du premier épisode de Super Green Me.

4 octobre 2023

Lancement de la saison 2, dans laquelle il part à la recherche de nouveaux imaginaires.