Dossier

Des hébergements touristiques, pour allier écologie et économie

Réduction de l’empreinte environnementale, économies d’eau, d’énergie, de détergents. Une ingénieure de l’ADEME et la responsable Environnement d’un hôtel réunionnais détaillent les avantages de l’Écolabel européen pour un hébergeur. Regards croisés entre Céline Scheuer, ingénieure en charge de l’Écolabel européen à l’ADEME et Justine Ocloo, responsable Qualité, Sécurité & Environnement au PALM Hotel and Spa, île de La Réunion, à Petite-Île.


Quel intérêt a un hébergeur à s’orienter vers l’Écolabel européen ?
Céline Scheuer

Ce label d’excellence environnementale est porté par l’Union européenne. Il est reconnu, a fait ses preuves en trente ans, et constitue un très bon outil pour progresser sur tous les fronts : les consommations d’énergie et émissions de CO2, les déchets, les émissions dues au transport, etc. C’est pourquoi nous soutenons, au travers du Plan de relance, les hébergements qui souhaitent s’engager dans la transition écologique, en leur donnant l’opportunité de communiquer auprès de leurs clients en toute transparence et confiance grâce à l’affichage du logo Écolabel européen.

Justine Ocloo

Pour nous, la démarche environnementale coule de source. Notre établissement se situe aux portes du Sud sauvage de l’île de La Réunion, dans un endroit magnifique que nous avons à coeur de préserver. Le déclic a eu lieu en 2010, quand les pitons, cirques et remparts de La Réunion ont été inscrits au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. Nous en avons été très fiers, et nous nous sommes demandé comment nous pourrions contribuer à notre niveau à préserver et mettre en valeur les richesses naturelles de La Réunion, à devenir une destination verte. Nous n’étions pas du tout dans une logique concurrentielle : nous voulions montrer l’exemple, pour que chacun nous emboîte le pas. Et c’est exactement ce qui s’est passé ! Nous avons été les premiers en 2014 à décrocher l’Écolabel sur l’île. Nous avons réalisé plusieurs réunions de présentation avec l’ADEME et en 2018, six autres hôtels étaient labellisés

Quels sont les bénéfices concrets de ce label ?
C.S.

En 2017, l’ADEME a lancé l’étude HETEL, pour suivre durant un an les impacts économiques et environnemen­taux de vingt établissements écolabellisés, en matière de consommation d’eau, d’énergie, de détergents et de production de déchets. Le bilan est très positif. Il montre clairement que l’écologie produit des économies. Dès la première année de certifi­cation, les campings réa­lisent, grâce à des gestes simples, une économie pou­vant aller jusqu’à 34 % de leur consommation d’eau en moyenne. Pour les hôtels, cette baisse est de 19 %. Ces derniers parviennent également à réduire jusqu’à 17 % leur consommation d’énergie, 93 % leur consommation de détergents, et 82 % leur production de déchets.

J.O.

De notre côté, nous sommes passés d’une consom­mation d’énergie de 55 kWh par nuitée en 2014 à 43 kWh en 2019 et nous avons économisé 19 % du coût global par nuitée en produits d’entretien. Les bénéfices sont évidents, en termes de préservation du territoire, d’at­tractivité pour les clients, mais aussi en interne. Avec un tel projet, nous fédérons le personnel autour d’un même enjeu, qui a du sens et les fait sortir de la routine. On perçoit aussi une évolution des clients. Il y a quelques années, ils ne juraient que par le petit savon individuel qu’ils ramenaient en souvenir, maintenant ils comprennent la logique du vrac. Tout le monde avance ensemble.