Aujourd’hui, une filière de collecte, lavage et réemploi des emballages de cosmétiques est prête. Toutefois, sa pérennité dépend désormais d’une participation accrue des consommateurs. C’est ce qui ressort d’une récente expérimentation menée par Cosmébio.
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Un cosmétique sain dans un pot sain
Pour Cosmébio, association qui accompagne les fabricants de cosmétiques biologiques, la qualité environnementale d’un produit tient autant à sa composition qu’à son contenant. Un flacon recyclable permet d’économiser des ressources. S’il est réutilisé plusieurs fois avant d’être recyclé, cela réduit considérablement la consommation d’eau et d’énergie liée à la production de nouveaux contenants. Aujourd’hui, seules quelques marques se sont organisées pour le réemploi de leurs packagings. Mais jusqu’ici, il n’y avait pas de réelle filière. C’est pourquoi Cosmébio a lancé fin 2022 le projet CosmNpack, avec le soutien de l’ADEME. « Il s’agissait de faire un état des lieux de ce qui existait, de sélectionner les types de contenants les plus aptes au réemploi, d’esquisser la construction d’une filière, puis de mettre cette organisation à l’épreuve du réel, pour en valider la faisabilité », explique Noémie Mathis, chargée de mission réemploi packaging et RSE chez Cosmébio.
Un impact climatique divisé par deux
« Comme le réemploi est très peu développé dans le secteur, nous nous sommes inspirés de ce qui se fait dans l’alimentaire et nous avons contacté certains des acteurs de ce secteur. C’est le cas de « Ma bouteille s’appelle Reviens », une coopérative spécialisée dans le lavage de contenants alimentaires, qui a accepté de participer à notre projet. Avec elle, et une trentaine de nos marques adhérentes, nous avons effectué des tests sur 39 couples de contenants-contenus. » Neuf d’entre eux ont été jugés aptes au réemploi car ils répondent à plusieurs critères clés : le produit qu’ils contiennent ne détériore pas le packaging, leur forme facilite le nettoyage et ils sont suffisamment robustes pour rester en bon état après utilisation. Les contenants en verre peuvent subir de multiples lavages, tandis que ceux en PET résistent à au moins cinq cycles, ce qui réduit l’impact climatique de 53 à 56 % par rapport aux emballages jetables. Cependant, cet avantage écologique est conditionnel : si ces emballages doivent être transportés à l’étranger pour leur reconditionnement, les émissions de CO2 générées par les transports annulent les bénéfices environnementaux dès lors que la distance entre les sites de collecte, lavage et remplissage dépasse 1 600 km.
Les clients, maillons faibles de la consigne
Une fois les contenants réutilisables identifiés, un système de consigne a été mis en place, avec 70 points de collecte dans des magasins La Vie Claire, Biocoop, Aroma-Zone et dans une pharmacie. Un sticker « Ramenez-moi en magasin » a été collé sur les produits et des animations ont été organisées. Résultat : un taux de retour de 10,18 %.
« Ce n’est pas mal pour un premier test. Nous avons pu récupérer plus de 1 200 contenants. Mais ce n’est pas suffisant pour passer à l’échelle industrielle, indique Noémie Mathis. L’entreprise de lavage ne peut lancer un bain qu’à partir de 2 000 contenants. En-deçà, ce n’est pas viable économiquement. » Une standardisation des emballages aiderait à augmenter le taux de collecte. Mais le problème vient surtout de la faible mobilisation des clients.
Comment maintenir la mobilisation ?
« Le temps de rotation des produits cosmétiques est plus long que celui des aliments, note Noémie Mathis. Il faut environ trois semaines pour finir un shampoing, plusieurs mois pour certaines crèmes. Cela laisse le temps d’oublier que les emballages sont consignés. » Pour maintenir la mobilisation, Cosmébio vient de lancer une nouvelle étude avec CITEO. L’objectif : développer des solutions incitatives afin que les clients rapportent leurs pots et flacons sans se sentir contraints. Les résultats sont attendus en juin.
Nettoyage à sec pour les flacons de parfums ?
Une PME du Tarn, BRC, a mis au point une solution de nettoyage au CO₂ supercritique, basée sur le pouvoir solvant de ce gaz fluidifié. Baptisée Niugreen, cette technique devrait faciliter le réemploi des bouteilles et flacons en verre, ceux de parfums notamment. En effet, elle ne nécessite pas de séchage, et elle ne laisse ni odeurs ni résidus. Fruit de deux ans de recherches soutenues par l’ADEME, elle répond à deux enjeux majeurs des fabricants : la lutte contre le changement climatique, mais aussi une augmentation très significative du prix du verre.
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